Pour son second long-métrage, Nacho Cerdà reste dans le fantastique aux commandes d'une production finalement assez classique en dépit de qualités indéniables. L'auteur du traumatisant Aftermath reprend donc le script de son pote Karim Hussain, censé réaliser le film à l'origine, où nous suivons une mère célibataire née en Russie mais abandonnée puis élevée en Angleterre, qui retourne dans son pays natal découvrir qui étaient ses vrais parents. Elle va atterrir dans une forêt lugubre, abritant une maison délabrée pleine de mystères et d'évènements terrifiants dont l'arrivée impromptue et improbable de son frère jumeau, lui aussi venu chercher des réponses à son passé...
Le réalisateur ibérique opte pour une mise en scène à la fois crade et élégante en dépit d'un budget extrêmement mince (3 millions d'euros). Visiblement influencé par le cinéma de genre asiatique, Cerdà livre un film pas entièrement réussi mais, avec un certain talent, arrive à suffisamment nous glacer le sang le temps de quelques scènes par le biais d'images parfois sanglantes baignant surtout dans une atmosphère glauque à souhait.
Le film réserve ainsi un bon lot de sursauts bienvenus, agrémentés de rebondissements toujours plus surprenants les uns que les autres sans pour autant délivrer un rendu dans son ensemble mémorable. Particulièrement lent et anti-spectaculaire malgré des séquences visuellement travaillées, Abandonnée reste un film scénaristiquement original, intéressant et fouillé, qui parvient à interpeller le spectateur 90 minutes durant en le propulsant de manière sinistre dans un cauchemar palpable aux antipodes des productions habituelles des années 2000, nourries aux torture-porns et autres suites faciles.