C'est au cœur d'un bidonville du Rome du début des années 1970 qu'Ettore Scola nous entraîne avec son cinquième film Affreux, sales et méchants. Il nous fait suivre la vie d'une famille tournant autour d'un patriarche borgne et tyrannique qui possède une liasse d'un million de lires...


Scola nous immerge dans ce bidonville romain et met en scène une chronique de cette famille où ils vivent tous les uns sur les autres, entre pauvreté, gueulerie, haine, prostitué, crasse ou encore bagarre, le tout sous l'autorité d'un patriarche borgne qui ne pense qu'à sa liasse de billets et croit que l'on veut lui voler. Oscillant entre comédies, satire et véritable tragédie familiale, Scola maîtrise son sujet à merveille, dans un style parfois proche du documentaire où il pose sa caméra et observe les moments de vie de cette famille, notamment lors de la première partie du film, avant que le patriarche ne tombe amoureux.


Finalement Scola justifie son titre à travers la virulente description quotidienne de ce bidonville. Il met en scène des rejetés de la société, la misère dans ce qu'elle a plus de dégradante et grossière, tout est affreux, sale et méchant, que ce soit les personnages ou l'environnement autour. Il ne cherche pas à embellir quoi que ce soit (ce serait même le contraire !) mais pose juste sa caméra. Il montre des choses qui devraient être choquante de manière tout à fait banale et met en avant la nature humaine dans ce qu'elle a de plus bestiale, tels la jalousie, la haine, la cupidité, "l'amour"...


Scola orchestre son récit avec brio et ne tombe pas dans la lourdeur ou les excès malvenus. Il livre finalement une tragédie noire autour d'une famille nombreuse où chacun cherche à récupérer le magot du patriarche avec ses séquences d'humours noirs qui marchent à merveille ainsi que plusieurs riches idées très bien exploitées, tel le "lavage d'estomac" ou les dialogues crus entre les personnages. Les interprètes sont formidablement naturels et rendent cette chronique plus vraie que nature.


Prix de la mise en scène au festival de Cannes 1976, cette chronique d'une famille représentant la noirceur de la nature humaine et les laissés-pour-compte de notre société ne manque ni de maîtrise, ni d'humour et ni de tragédie.


(Merci à Djee & Ze Big !)

Docteur_Jivago
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Stradale Italia : Voyage au coeur du cinéma italien

Créée

le 15 avr. 2015

Critique lue 775 fois

26 j'aime

7 commentaires

Docteur_Jivago

Écrit par

Critique lue 775 fois

26
7

D'autres avis sur Affreux, sales et méchants

Affreux, sales et méchants
Rawi
8

Poil à gratter

Ce film est irritant. Il peut mettre mal à l'aise. Voir la misère montrée aussi cruement n'est pas anodin. L'absence de toute morale peut s'avérer choquante. Plus je le vois, plus il agit comme du...

Par

le 11 mars 2016

55 j'aime

15

Affreux, sales et méchants
Grard-Rocher
8

Critique de Affreux, sales et méchants par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Nous sommes dans une baraque sordide construite de planches vermoulues située au milieu d'un bidonville avec vue sur le Vatican. C'est dans ce cadre ignoble que vivent comme de véritables gorets...

53 j'aime

10

Affreux, sales et méchants
Plume231
8

Salauds de pauvres !

La première chose que l'on puisse dire à propos de cette comédie satirique hyper-féroce, qui a pour le coup plus le goût de la mort aux rats que celui du vitriol, c'est qu'il porte "superbement" son...

le 28 sept. 2013

42 j'aime

4

Du même critique

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

172 j'aime

35

2001 : L'Odyssée de l'espace
Docteur_Jivago
5

Il était une fois l’espace

Tout juste auréolé du succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans un projet de science-fiction assez démesuré et très ambitieux, où il fait appel à Arthur C. Clarke qui a écrit la...

le 25 oct. 2014

162 j'aime

47

American Sniper
Docteur_Jivago
8

La mort dans la peau

En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...

le 19 févr. 2015

152 j'aime

34