Les blockbusters sont comme les sucreries : certaines séduisent plus que d’autres, certaines accrochent aux dents, écœurent très rapidement ou vous crament l’œsophage.
Mais de temps à autre, dans le bol géant et coloré qu’offre chaque année l’industrie du divertissement, vous trouvez la petite pépite qui, le temps de croustiller ou de fondre, de répandre ses arômes capiteux, vous aura offert un moment aussi agréable qu’éphémère.
The Man from U.N.C.L.E. relève de cette catégorie. Rien de nouveau sous le soleil, de la coopération forcée entre rivaux au scénario à twists en cascade, des poursuites aux explosions, nous sommes sur un terrain balisé, sur lequel le formaliste Guy Ritchie applique des recettes bien rodées depuis Arnaques, crimes et botanique.
Adeptes de la frime et des mensonges, ses personnages d’espions contaminent la tonalité du film qui assume son emballage poseur au service d’une petite jubilation permanente : effets clipesques, musique à la Morricone, split-screen en pagaille, Ritchie joue la carte du comic à fond, et avec une véritable efficacité.
L’intrigue n’est évidemment qu’un prétexte pour une structure à tiroirs dans laquelle les sourires glamour le disputent aux traîtrises nonchalantes, les femmes tombent comme des mouches dans les pieux et les rivaux sous les balles. On se surprend à constater qu'Henry Cavill est capable de jouer quelque chose d'autre qu'un rocher, ce que laissait supposer Man of Steel.
C’est sans doute là que le film fait mouche : dans le fait d’assumer sa dimension parodique : d’un pique-nique en pleine course poursuite, d’un KGB kiss permettant au rival de rester debout et évanoui, de nazis folkloriques, tout est avant tout au service du rythme (jusqu’à l’overdose, reconnaissons-le, notamment dans les zooms mode google map de la poursuite à trois sur la montagne).
A cela s’ajoute un jeu sur le temps qui, s’il n’est pas non plus foncièrement original, dope un peu plus la dynamique : légères ellipses, retour sur un détail, flash-backs permettant de relire des scènes faisant l’objet d’une supercherie, tout est étudié pour faire du spectateur un omniscient privilégié ou un berné consentant.
Le film s’achevant sur la constitution du groupe U.N.C.L.E., on imagine bien la suite dans les idées des studios quant à en faire une. Projet incertain, tant le goût de cette petite friandise tient à sa fraîcheur éphémère, dont on oubliera beaucoup, si ce n’est que ce fut plaisant.
(6.5/10)