Où avais-je la tête ? Comment avais-je pu trouver en ALIBI.COM un renouveau de la comédie française ? Peut-être était-ce mon aveuglement après une journée irritante ? Ou étais-je simplement emporté par l’esprit collectif et chaleureux qui se dégageait de mon expérience en salle ? Autant de raisons qui pourraient justifier ce rire brut, chronique et spontané, suscité lors d’une avant-première haute en couleurs. L’espoir d’un réveil de la force comique ? Pas du tout. Il était temps d’une petite mise à jour.
Vous savez, quand on s’est tapé ce Baltringue de Lagaf’ ou encore les inénarrables aventures filmiques de Kev’ dickhead Adams, plus rien ne peut nous surprendre dans le panorama merveilleux du cinéma comique français. Ces bourreaux de l’art et de l’esprit semblent pulluler sur nos écrans tels des adolescentes en chaleur devant Cinquante nuances de Grey. Face à cette quête illusoire d’un rire subtil et raffiné, le Burn Out et le vide existentiel s’emparaient de mes derniers neurones à chaque « Tucherie » rencontrée. Parfois, l’espoir renaissait à travers des exceptions absurdes, mais sans transcender le genre ni provoquer ces rires inespérés. Mes attentes étaient-elles trop conséquentes ou bien cette folie de la décadence française me détruisait-elle à petit feu ? Alors que la comédie française semble se complaire et agonise dans son non-humour, je pensais voir en ALIBI.COM un film presque providentiel vis-à-vis du constat actuel. J’avais tout faux.
Et même si ALIBI.COM parvient à insuffler une véritable puissance de frappe vaudevillesque par son rythme effréné, il n’en reste pas moins dénué de véritable personnalité : l’excès de références conduit ainsi à retirer toute identité au film. Comme l’impression d’assister à un gloubi-boulga de gags déjà-vus dans une dynamique similaire à celle de la Screwball comedy. En enfermant chaque situation dans une énergie référentielle (Retour vers le futur, Mad Max, Goldorak, Mary à tout Prix, Snatch jusqu’à Kickboxer et son célèbre coup de pied retourné), ALIBI.COM s’embourbe dans son manque de liant entre chaque pseudo-sketch. Il échoue là où le Ted de Seth MacFarlane, par exemple, arrivait parfaitement à construire sa mécanique sur des références qui servaient directement la narration et la caractérisation des personnages.
A l’image de Babysitting, toute la chorégraphie comique d’ALIBI.COM réside dans l’engrenage ininterrompu de vannes, pour le meilleur et pour le rire (ou le pire), par l’imbroglio de ces simulacres loufoques, qui arrivent comme un chien dans un jeu de quilles. Philippe Lacheau peine à donner une ampleur à son écriture ; balançant toute sa force d’écriture comique dans des vannes qui ne tiennent pas la durée. Négligeant totalement sa mise en scène, Lacheau semble n’avoir pour objectif qu’une distraction populaire. ALIBI.COM figure pourtant un réel plaisir coupable. Pour autant, le rire n’est qu’un outil pour cacher les défauts d’un film qui n’arrive jamais à dépasser son statut de sketch étiré. De la salle au canapé, le rire a disparu ; amenant l’indifférence face à un tel défilé de gags sans consistance.