Alors qu’une suite est en préparation, avec l’espoir de revoir James Wan à la réalisation (et ça serait la meilleure des choses), Conjuring se voit offrir un spin-off porté sur Annabelle, la fameuse poupée qui avait marqué les esprits lors des quinze minutes qui lui étaient dédiées dans le film. Un projet qui sent bon le produit hautement commercial n’ayant que pour but de renflouer les poches des producteurs à la tête du long-métrage. Mais en fin de compte, du moment qu’Annabelle parvient à remplir son cahier des charges, comme effrayer le public tout en reprenant les atouts de son aîné, aucune raison de cracher dessus, non ? Malheureusement, ce n’est pas un navet qui va être critiqué ici, mais un véritable piège à cons.


Autant vous le dire tout de suite, ce n’est pas du film ni de la poupée dont il faut avoir peur, mais plutôt de ceux qui sont à la tête du projet. À commencer par le remplaçant de James Wan, à savoir le cinéaste John R. Leonetti. Si son nom ne vous dit rien, c’est normal et vous êtes même chanceux de ne pas le connaître. À moins que vous soyez tombés sur les horreurs de sa filmographie (Mortal Kombat 2, L’effet papillon 2…). Quoiqu’il en soit, avoir un tel branquignole en charge d’un film aussi attendu qu’Annabelle (bien que cela soit un grand mot), il y a de quoi appréhender l’ensemble ! Mais ce n’est pas tout ! En effet, si l’on s’attarde sur la carrière du scénariste Gary Dauberman, on découvre tout un lot de nanars dont il est l’auteur (L’antre de l’araignée, Bloodmonkey…). Vous le sentez maintenant, ce sentiment de s’être fait arnaquer par des producteurs ne pensant qu’au fric et non au rendu final du film ? Eh bien maintenant, voyons de ce qu’il en est !


Sur le papier, Annabelle pouvait se montrer assez sympa, étant donné que le long-métrage met en scène une poupée pour le moins charismatique et effrayante rien que par son apparence. Mais en y regardant bien, la seule scène qu’elle avait dans Conjuring suffisait. Pas besoin de donner une origine à cet objet démoniaque, une histoire qui n’était finalement pas nécessaire. Du coup, il ne faut pas s’étonner d’avoir un spin-off qui ne cesse de ramer tout en flirtant honteusement vers Rosemary’s Baby tout en offrant… rien du tout au spectateur ! Juste une énième trame d’une bonne famille américaine, blanche et catholique, qui se fait harceler par un démon qui pique la vedette à la fameuse poupée (faisant du coup de la figuration). Et, qui plus est, s’attarde sur des séquences qui ne servent à rien si ce n’est faire perdre du temps au spectateur qui attend avec impatience l’effroi tant promis, mais qui à la place se retrouve avec de la parlote inutile et des personnages fades et invisibles au possibles (quelle mauvaise interprétation des comédiens…) ne laissant que peu de place au moments dits angoissants (soit 20 % du film a pour prétention de faire peur).


Mais même de ce côté-là, Annabelle se vautre lamentablement, mauvais réalisateur oblige. Alors que James Wan parvenait à faire sursauter le pourtant prévisible coup de la porte qui claque, John R. Leonetti nous ressert des effets mille fois vues (le gaz s’allumant tout seul pour faire éclater du pop corn, un appareil se mettant sans réelle raison…) avec une mise en scène inexistante. Aucune atmosphère pesante malgré une BO qui lorgne maladroitement vers celle de Conjuring, des jump scares foireux à cause de leur prévisibilité et d’une caméra mal placée, des séquences qui tournent au ridicule à cause du scénario et d’effets spéciaux peu impressionnants… Il n’y a rien, clairement rien, qui fasse peur dans ce film ! Et encore moins distraire ne serait-ce qu’une seule seconde vu qu’Annabelle n’est qu’ennui à cause de ses longueurs impardonnables et ses (trop) rares instants d’angoisse loupés comme ce n’est pas permis. De légèrement tendu, vous n’aurez que l’aspect d’Annabelle même et une scène assez efficace (dans le débarras de l’immeuble) ne faisant illusion que pendant 40 secondes (d’où la note donnée à ce long-métrage).


Si j’ai récemment descendu Jurassic World en le qualifiant de honte pour la franchise Jurassic Park, les mots me manquent en ce qui concerne Annabelle. Car après un Conjuring flippant et réussi, on se retrouve avec ce qui se fait de pire en matière de cinéma horrifique à gros potentiel : un divertissement au combien ennuyeux, emballé sans aucun savoir-faire et qui prend le spectateur comme un parfait abruti en l’appâtant sans remords avec du vide. Alors là, oui, il faut que James Wan revienne pour Conjuring 2 parce qu’il faut vraiment faire oublier cette abomination commerciale !

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le 30 juin 2015

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