Peckinpah ou le Western profané
El Jefe, saloperie de Mexicain à la gueule vérolée, aux manières de goujat et les poches pleines de Pesos.
El Jefe spoliateur officiel de bouseux, grand propriétaire foncier et capitaliste furieux.
El Jefe n'est pas content, il est furieux le Chicano !
En effet la chair de sa chair, sa propre fille s'est faite engrosser par un sombre inconnu. Une raclure de la pire éspèce que sa salope de fille continue de protéger de son silence complice.
Alors El Jefe, fille ou pas, il n'hésite pas à lui faire cracher le morceau à la petite. Pas de pitié !
Alfredo Garcia !!
Voilà ce qui tombe de sa bouche en sang.
APPORTEZ MOI SA PUTAIN DE TÊTE !
1 million de Pesos pour l'heureux étêteur. La tête d'Alfredo, la voilà sa nouvelle lubie au Jefe.
Tout les mother fuckers du coin sont mis au parfum et accourent ventre à terre pour ramasser le pactole.
Dans un bar miteux, un certain Benny pianiste de bar minable et alcoolisé jusqu'à l'os entend parler de cette récompense et décide d'abandonner sa vie de looser accroché à son clavier.
Il décide, grâce aux infos de sa copine lui apprenant la mort de l'hidalgo Alfredo, de s'emparer de cette affaire dégueulasse et de se sortir de son destin marginal, de sa vie de merde.
Lui et Elita sa compagne, profiter de ce pécule pour partir, tenter leur chance, loin de ce merdier.
Couper cette tête et devenir libre.
C'est un road-movie apocalyptique que nous jette au visage l'anar Peckinpah.
Une folie macabre. Un sommet de noirceur sur péloche.
On descend avec Warren Oates dans cette tombe, tremblant, on tranche cette tête, on devient coupable.
On se trimbale cette tête dans son sac en toile, elle roule sur le siège passager. On chasse ces putains de mouches qui s'agglutinent sur ce tissu maculé de sang séché.
On perd pied comme Benny. On en vient à causer avec ce sac maudit, on l'engueule, on le remercie. On prie cette sale gueule de rester en état pour pouvoir empocher l'oseille.
On la dorlote, on chasse les chats qui veulent se l'enfourner, on la tient au frais avec des blocs de glace.
Recherche nihiliste d'un bonheur inexistant.
Fascination pour une violence ultra-stylisé. Filmeur et inventeur de la violence au cinéma. Pas celle d'une personne contre une autre, mais de la violence comme motif pictural rouge sang, comme personnage principal, comme but.
Comme une chose incontrôlable et inhérente à l'humanité.
Magnifier la violence, sublimer l'horreur.
Mais la filmer, filmer ce sang, cette douleur. L'exposer sans concessions aux yeux effarés des spectateurs.
Spectateurs flottant entre nausée de cette overdose de sang, de merde, de mouches bourdonnantes et une complaisance pour une violence extatique et libératrice.
Chez Peckinpah, la violence ne se cache pas. L'oncle Sam te la crache en pleine gueule.
Un glaviot glaireux et sanguinolent qu'il te crache à la gueule, comme il l'a fait à la face des studios Hollywoodiens.
Peckinpah a enterré le Western Americain avec "La horde sauvage", avec "Apportez moi la tête d'Alfredo Garcia" il prend sa pelle, le déterre, lui coupe la tête et la fout dans un sac.
Pour bien s'assurer qu'il ne reviendra plus.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.