Amorcée avec le surprenant mais imparfait Man of Steel, la saga épique imaginée par Zack Snyder continue avec une suite aux allures de crossover inédit où le Kryptonien doit non seulement gérer sa toute nouvelle double-vie et assumer ses actes survenus à la fin du premier film mais également faire face à un autre justicier, un humain revanchard et parano qui refuse de laisser le monde être de nouveau détruit par un extraterrestre. Avec une maîtrise ahurissante, Snyder plonge notre héros capé dans un film ténébreux, violent, particulièrement réaliste, délaissant les scènes d'action au profit d'un scénario dense et construit.
Trop ambitieux, le long-métrage l'est assurément, en témoignent les séquences de rêves prémonitoires et la présentation furtive de personnages prochainement importants. Le plan du réalisateur est évident mais force est d'admettre que le spectateur lambda peut se perdre dans cette histoire de complot, de rédemption, de trahisons et de monstres génétiquement modifiés. Il y a beaucoup de choses dans Batman v Superman, probablement trop pour un seul long-métrage de 2h20 (la version longue est déjà beaucoup plus cohérente).
Ceci dit, le réalisateur parvient à créer du sens à son récit, à proposer une vision christique absolument unique et à délivrer au film l'une des plus belles histoires d'amour aux deux personnages de comics. La mise en scène est impeccable, la musique inoubliable, les séquences d'action époustouflantes et le casting presque parfait (Ben Affleck délivre la meilleure interprétation de Batman tandis que Jesse Eisenberg singe maladroitement Heath Ledger).
L'imperfection du film vient donc de cette volonté de créer obligatoirement une suite directe, obligeant le long-métrage à être lui-même à la fois une suite à Man of Steel, un stand-alone movie et un prélude à Justice League. En reste néanmoins une confrontation majestueuse et terrifique, loin des Marvel aseptisés et des suites copies-conformes.