En ce début d'année plutôt tranquille en terme de super-héros, voilà que deux des personnages les plus populaires se retrouvent face à face pour savoir qui a la plus grosse. Il s'agit de Batman versus Superman avec le nabot Lex Luthor comme arbitre. Un duel alléchant sur le papier, mais le sera-t'il tout autant à l'écran ? Zack Snyder va-t'il à nouveau réussir à faire honneur aux super-héros après ses excellents Watchmen et Man of Steel ? Le décrié Ben Affleck est-il un bon Batman ? Était-ce vraiment un bon choix de prendre Jesse Eisenberg pour interpréter Lex Luthor ? Mais surtout, qui va s'imposer à la fin ?


Vous n'aurez pas la réponse à la dernière question, ce serait un spoiler honteux et je m'en voudrais pour le restant de mes jours. Pour le reste, je vais me faire un plaisir de vous donner mon humble avis sur le nouveau film d'un de mes réalisateurs préférés, Monsieur Zack Snyder.


Ryan Reynolds s'est racheté une crédibilité grâce à son sympathique Deadpool, après avoir été la risée de tout l'univers avec son Green Lantern pas si dégueulasse que ça. Ben Affleck a connu le même calvaire avec son désastreux Daredevil. Les fans de Batman ont crié au blasphème dès l'annonce de sa présence dans le costume de la chauve souris. Comme souvent, les gens jugent avant de voir, c'est toujours plus facile de crier avec la meute, au lieu d'attendre le résultat final. La plupart d'entre-eux vont probablement retourner leurs capes en sortant de la salle. J'étais aussi sceptique, mais il campe un Batman impeccable et se révèle le personnage le plus intéressant. A la différence des Marvel, les DC Comics se veulent plus sombre et sérieux. Ils réussissent à rendre crédible la présence de super-héros au sein de notre réalité, en les traitant de manière plus adulte.


Batman est un homme dans la force de l'âge, alors que Superman (Henry Cavill) est un jeune homme entrain de se construire, surtout à travers sa relation avec Lois Lane (Amy Adams). Ce sont deux êtres différents, l'un est instable menant une vie dissolue et dont les cauchemars hantent ses nuits. Il désespère Alfred (Jeremy Irons) son valet, mais qui est surtout un père de substitution. Celui-ci espère toujours le voir devenir mari, puis père. Alors que l'autre est stable, en ne recherchant pas la lumière et voulant être un homme comme les autres, malgré son statut d'extraterrestre extraordinaire. Deux caractères différents, comme le prouvent leurs tenues. Batman est vêtu de noir, cache son visage et s'exprime avec une voie venue d'outre-tombe, alors que Superman est lumineux. Ils ont la même apparence en civil, même si Clark Kent se cache derrière une simple paire de lunettes. D'ailleurs, comment cela se fasse que personne ne l'ai toujours pas reconnu ? Ce mystère est un des plus grands, comme l'existence de raviolis au chocolat.


La première partie est un peu poussive. Il y a toujours une forme d'appréhension quand je me retrouve devant un blockbuster. L'histoire a souvent prouvé qu'ils ne sont pas une grande source de satisfaction cinématographiquement parlant. La pression dû à un budget conséquent, met souvent à mal le réalisateur et le (s) scénariste(s). Zack Snyder est habitué aux grosses machines hollywoodiennes et il a déjà su redorer le blason de Superman, après la version soporifique de Bryan Singer. Mais il ne brille pas vraiment dans la narration, mais plutôt par sa réalisation. Ce défaut met à mal les débuts de l'histoire où les enjeux manquent de cohérence. Le montage ne plaide pas en sa faveur et on a l'impression de voir une succession de scènes où la dimension dramatique est absente. C'est beau, tout en étant sombre, mais désespérément vide.


C'est dans sa seconde partie que l'oeuvre va prendre son envol. Le récit devient limpide et Zack Snyder est prêt à nous en mettre plein la vue. Cette simplicité est salvatrice, tant le film ne brille pas dans sa tentative de rendre complexe une histoire qui n'en a pas besoin. Sa noirceur se suffit à elle-même, puis on est surtout dans l'attente du duel annoncé. Cela va être une déflagration visuelle et sonore. Les combats s’enchaînent, tout comme les explosions, cela part dans tout les sens et pourtant, on est jamais perdu. Zack Snyder maîtrise sa frénésie visuelle et va satisfaire nos envies les plus primitives de voir ce monde s'effondrer à travers ce duel homérique. Cette frénésie est aussi sonore sous la baguette d'Hans Zimmer et Junkie XL. Elle est en osmose avec la violence des affrontements, mais frôle souvent l'overdose. Le thème accompagnant Wonder Woman (Gal Gadot) se veut tribal, mais va mettre à mal nos tympans. Cela sera la seule vraie fausse note dans ce final dantesque.


Les super-héros sont-ils un bienfait pour notre monde ? Cette question existentielle est au cœur de l'intrigue. Elle est aussi le déclencheur de la haine grandissante de Batman envers Superman. Elle aurait mérité un meilleur développement, tant elle offrait une réflexion intéressante sur les actions de ceux-là. Leurs combats ne sont pas sans conséquences sur les humains. On nous montre souvent le héros triomphant du méchant, alors que la plupart du temps une ville s'écroule autour d'eux. Les dommages collatéraux sont passés sous silence, comme si la vie d'un humain était moins importante que celle du protecteur de Gotham où de Metropolis. Cela soulève aussi une autre réflexion concernant surtout Superman, est-ce le messie où dieu ? Quel est vraiment sa place dans notre société ? Chaque peuple à sa réponse, comme on peut le voir à travers un plan sublime au Mexique. Alors qui sont-ils vraiment ? On va le découvrir à travers leurs actes, sans oublier que personne ne peut faire l’unanimité, car chaque être humain a sa propre perception de l'autre et du monde.


Le cas Jesse Eisenberg est le plus délicat. Personnellement, il ne m'a pas convaincu. C'est une sorte de bouffon et il ne semble pas avoir la capacité de le rendre incontournable. Sa folie est perceptible, mais au contraire de Ben Affleck, on oublie jamais l'acteur derrière le masque où la chevelure. Au contraire, Gal Gadot est à la hauteur de son personnage. Sous une apparence de femme fatale, elle se révèle convaincante en Wonder Woman et démontre avec Lois Lane, qu'un héros ne peut pas survivre sans le soutien d'une femme. Le film va même plus loin, en affirmant que seul l'unité des peuples pourra sauver notre monde. Un discours convenu qui détonne dans l'obscurité de cette oeuvre ambitieuse mais inégale.


Zack Snyder ne renoue pas avec l'excellence de Watchmen, ni avec la furie de Man of Steel. Mais il parvient à captiver le spectateur durant deux heure trente et de donner envie de voir Justice League en 2017. Ce n'est pas un grand film de super-héros, mais cela reste un divertissement convenable à la noirceur agréable.

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le 24 mars 2016

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Laurent Doe

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Batman v Superman : L'Aube de la Justice
Kelemvor
4

Que quelqu'un égorge David S. Goyer svp, pour le bien-être des futures adaptations DC Comics !

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