Black Sheep, ou La Nuit des Moutons en québécois, est un nanar volontaire dans l'esprit des premiers films gore et cheap de Peter Jackson, Braindead et Bad Taste. Cette farce avec moutons tueurs génétiquement modifiés se présente avec le plus grand sérieux. À ce point c'est même assez plombant, 20e degré ou pas. Le début est incertain et les sarcasmes entravés, qu'ils concernent le phobique des moutons ou les militants écolos. La stratégie s'avère néanmoins payante assez rapidement grâce à un humour omniprésent et une rigueur extrême.
Ce n'est pas génial sur toute la longueur, on peut même être vanné par moments, mais les créateurs développent leur folklore avec férocité. Ce film indépendant convainc par sa maestria, des qualités techniques certaines (la photo est assez belle, les paysages néo-zélandais au diapason) et une réalisation astucieuse pour compenser les faiblesses, notamment pour les plus gros mutants. Jonathan King n'a pas les moyens d'organiser un carnage dantesque mais arrive à en donner l'illusion, en se focalisant sur certaines attaques et imposant un tempo rapide. Ce premier film lui permettra d'obtenir Sam Neill pour son opus suivant, Le secret des sept volcans, qui lui n'a pas trouvé d'écho.
Tout en revendiquant sa filiation avec les films de zombies, Black Sheep parodie voir pastiche surtout les drames familiaux. La trame mélo concernant les deux frères, assumée avec un premier degré total, participe à cette lourdeur générale permettant de mieux créer du contraste. Il n'y a pas l'hystérie des films de Jackson, plutôt une espèce de classicisme en trompe-l’œil souillé par du bis pétaradant. C'est exotique, grand-guignol (la fabrique de moutons-garous), globalement amusant, avec parfois des gags très potache (les responsables oubliés du trou de la couche d'ozone), toujours dans cet enrobage absurde mais élégant. De préférence pour un public jeune ou disposé.
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