Après Dune, David Lynch se devait de redresser la barre, et Blue Velvet lui permettra de renouer avec la beauté formelle et l'originalité de son cinéma.


Parce que oui, ce film est beau ! Pas facile d'ailleurs de croire qu'il date du milieu des années 80 tant sa photographie s'avère somptueuse. Ensuite, il possède une bande originale à tomber par terre, encore une fois celle d'Angelo Badalamenti, installant les atmosphères malsaine puis onirique si typiques à la plupart des longs-métrages du réalisateur américain.


Sur le fond, Blue Velvet reste quelques décennies après toujours aussi passionnant ; nous montrant indirectement que lorsque la curiosité devient voyeurisme, le voyeur doit s'attendre à découvrir des choses pas forcément jolies jolies, comme la réalité perverse se cachant derrière l'apparence si lisse et souvent puritaine de l'Amérique qu'il filme...
Et ce n'est bien évidemment pas un hasard si notre héros et sa blonde se révèlent si naïfs au début du film, afin de contraster avec ce qui va suivre. A cet effet toutefois, le jeu de Laura Dern m'a paru relativement inégal, surjouant l'une de ses dernières scènes notamment (chez ses parents). Tandis que le reste du casting s'avère excellent, à l'image bien sûr de Kyle MacLachlan, parfaitement juste, mais surtout du duo Dennis Hopper / Isabella Rossellini qui crève l'écran dans la peau d'inimaginables cinglés. Mais je n'en dirai pas plus.


In fine, Blue Velvet aurait pu être un chef-d'oeuvre selon moi, mais quelques détails gâchent l'ensemble : une partie du jeu de Laura Dern donc, mais aussi la scène d'ouverture que je trouve plutôt ratée, voire à côté de la plaque, ou encore la balade chez l'ami de Franck qui ne m'a pas emballé plus que ça... En revanche, les différentes scènes se déroulant dans l'appartement 740 émanent une puissance et une tension extrêmes.


A l'arrivée, Blue Velvet n'en demeure pas moins un très bon film, très stylé, dérangeant, avec des scènes de perversions sexuelles vraiment choquantes, et encore plus pour l'époque, mais jamais gratuites. Décidément, David Lynch a (presque) toujours eu le don de nous scotcher à l'écran.


8,5/10

RimbaudWarrior
8
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le 24 août 2015

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RimbaudWarrior

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