Dans l’océan Marvel qui malheureusement gite assez rarement par son originalité, certains opus se distinguent un brin. Ce fut le cas du réjouissant Gardiens de la galaxie, qui acceptait de ne pas se prendre trop au sérieux au profit d’un divertissement assumé. Si le sérieux est plutôt de rigueur pour ce premier volet de Captain America, c’est son époque qui permet de changer d’air. Certes, la morale introductive sur la sélection d’un héros qu’on va modifier scientifiquement mais dont le cœur est pur à l’origine est presque aussi pesante que la masse musculaire qu’on va lui fabriquer, mais on le range assez facilement au rang des dommages collatéraux.
Difficile de ne pas penser à Indiana Jones dans cette ambiance 40’s, avec ces nazis à l’accent délicieusement agressif et ces reconstitutions de villes américaines qui nous replongent dans l’ambiance mythologique de Once upon a time in America. Marvel propose ici une embardée dans ce qu’elle considère comme ses origines, avec le jeune Stark et les débuts des expériences visant à modifier les humains : c’est plutôt touchant dans le grand réseau du MCU, et la dimension satirique de la première fonction du Captain, à savoir poupée de scène pour vendre des bons du trésor, grand champion de la com et de la propagande, a quelque chose de plutôt savoureux quand on prend en considération la fonction mythologique qu’ont les super-héros pour ce Nouveau Monde sans passé.
Le reste du film joue donc sur ce double tableau : une patine vintage mixant les films de guerre à l’ancienne avec escouade virile, des aventures fantastiques et des lasers aux sonorités furieusement Star Wars, des nazis qui meurent à la tonne et des américains qui se sacrifient pour le monde libre, mais avec un petit sourire aux lèvres qui prévient de toute irritation propagandiste.
Finalement, il est assez dommage qu’on ait tenu à nous intégrer ce personnage dans le présent dès la fin du premier opus : cette époque reculée avait un charme certain qui se diluera forcément dans les volets suivants, des Avengers au Soldat de l’hiver.