La catastrophe industrielle la plus divertissante de l'histoire du cinéma.

En voulant voir le Casino Royale de 2006 je me suis aperçu que j'avais téléchargé le Casino Royale de 1967. Je savais pertinemment que c'était une parodie bizarre et je me suis dit "allons-y pourquoi pas ?"

Au retour du visionnage je suis tiraillé par un sentiment contradictoire : C'était pas bien mais j'étais quand même content de l'avoir vu.

A la base se trouvait Casino Royale, le premier roman de James Bond écrit par Ian Fleming. Adaptée pour la télé avant que la série de film ne soit mise en production, Éon Production n'a jamais pu en avoir les droits et une autre compagnie en récupéra les droits. L'idée était d'en faire un film avec un James Bond parallèle joué par Peter Sellers mais petit à petit le projet commencera à devenir parodique, ce qui déplu à Sellers. A cela s'ajoute de nombreuses vexations avec le casting et le réalisateur, des rêves bizarres et des frictions avec Orson Welles, qui faisait rien qu'à faire des tours de magie sur le plateau et que Sellers, superstitieux, pensait que ça attirerait le mauvais oeil. (Authentique.) Un matin Peter Sellers ne revint plus sur le plateau de tournage.

Que faire d'un film dont seul un quart n'a été tourné ? Les décideurs se disent qu'ils vont jouer la parodie à font et inventer d'autres James Bond, coatché par le vrai Bond joué par David Niven. Et de multiplier à la fois les caméos et les équipes techniques : le film compte pas moins de 5 réalisateurs. ** Au lieu d'atténuer le bordel chaque couches rajoutées alourdissent le mille-feuille. On tente de faire réécrire le film, notamment par une partie du casting (quand on a Woody Allen et le scénariste de **Citizen Kane sous la main on les mets à contribution) ce qui augmente encore plus l'impression de film décousu.

Au final Casino Royale est un film poussif, saoulant à faire de vouloir être drôle. Certes il l'est parfois mais il est surtout impressionnant par la débauche de moyens au service du bordel ambiant : des caméos improbables en pagaille, des numéros musicaux, des gadgets bizarres, une soucoupe volante et une scène de fusillade au milieu d'un bagad de cornemuse. Le truc est totalement inégal, on comprend rien mais au moins on ne s'ennuie jamais.

Le film va flinguer la carrière de pas mal de ses réalisateurs mais au moins rien que pour sa scène finale dans laquelle les mecs ont décidés de mettre TOUT, on peut pas dire qu'ils ont pas osé prendre de risque.

S'ajoute au film un charme très particulier : il transpire les sixties de tout les pores de la pellicule. Que ce soit la musique de Burt Bakarach, le look des filles, les décors (ce salon creusé dans le sol dans lequel Vesper Lyn drague Sellers) le casting (y a même Belmondo) les gags, etc... C'est une pièce rapportée de son époque qui rend le film comme une sorte de brouillon bizarre d'Austin Powers.

Bref, malgré son ratage indéniable Casino Royale reste une curiosité filmique assez unique en son genre.