Un biopic sur la vie d’un personnage aussi important du cinéma ne pouvait être qu’une entreprise très difficile. Richard Attenborough, en quelque sorte spécialiste du genre (Gandhi) est loin d’avoir totalement réussi son coup. S’inspirant de la propre biographie de Chaplin, écrite en1964, il donne une suite de tableaux sur l’histoire du petit puis du jeune puis de l’adulte puis du vieux Chaplin… C’est du moins de cette façon que ma conscience a perçu les images proposées, ce qui traduit à mon sens le manque de liant du film et ses difficultés à rendre compte du temps qui passe. En fait, le propos est très réduit, se centrant de plus en plus sur la poursuite haineuse de Hoover (un des plus grands paranoïaques du XXe siècle avec Hitler et Staline) à l’encontre de Chaplin, aboutissant à l’expulsion de ce dernier et à son exil en Suisse. Les aspects les plus passionnants de la vie de Chaplin, à savoir son œuvre et la manière dont il l’élabora peu à peu à partir de son entrée à la Keystone en 1914 ne sont que très sommairement restituées et pas du tout analysées sur un plan cinématographique, ce qui est quand même un paradoxe des plus dommageables ! Quant aux femmes successives qui passent dans sa vie, elles ne sont pour la plupart que des ombres, y compris Oona… Alors, pourquoi 7/10 ? Parce que ce film nous donne l’occasion de revoir (et envie de voir pour les plus jeunes qui n’ont pas encore découvert cet univers enchanté) d’une manière inattendue et rafraichissante le plus grand génie de l’histoire du septième art, parce que l’interprétation de Robert Downey Jr. Dans le rôle de Chaplin est prodigieuse et parce que les derniers plans du Kid en larmes quand on veut le placer à l’Assistance publique en disent plus que les deux heures et vingt minutes que durent ce film, démontrant de manière éclatante que les images sont infiniment supérieures à la parole au cinéma… ce que Chaplin n’a jamais arrêté de proclamer, lui qui ne tourna son premier film parlant que plus de dix ans après l’arrivée de ce « progrès ». Memento…