N'ayons pas peur des mots : je crois bien être la plus grande fan de Charlie Chaplin. C'est un peu comme mon grand-oncle, dont on m'aurait raconté les frasques depuis ma plus tendre enfance, avec courts et longs métrages à l'appui.
Et il va sans dire que ce film m'a laissée pantoise. J'allais dire mitigée, car Robert Downey Jr m'est tout de même sympathique dans le rôle titre, mais il ne peut évidemment pas me faire oublier la platitude de cette œuvre. Je ne doute pas de la sincérité de Lord Richard Attenborough quant à sa volonté de rendre hommage à son génial compatriote, mais l'enfer du 7e art est pavé de bonnes intentions...
On ne peut pas lui reprocher de s'éloigner de l'autobiographie de l'artiste, mais en fait, on est en droit de se demander quelles ont été ses motivations pour écarter tel ou tel passage, pourtant déterminants, dans le parcours de Chaplin. Alors j'entends bien que faire tenir une vie aussi dense dans 2 heures de film ce n'est pas une mince affaire, mais quand on sait pas, on ne fait pas. Le résultat? Un film à la fadeur insultante, complètement plombé par son académisme. Où sont l'audace, la fantaisie, la créativité? Cette œuvre a presque tous les attributs d'un docu-fiction du jeudi soir, sans envergure et sans saveur.
Bien qu'il ne soit pas une catastrophe absolue, ce film ne fait qu'enfermer Chaplin dans un portrait linéaire et sans relief, loin de la tessiture qu'il aurait mérité, tant au niveau du traitement de sa vie personnelle qu'artistique.
Chaplin dit un jour : “All I need to make a comedy is a park, a policeman, and a pretty girl.” (Tout ce dont j'ai besoin pour tourner une comédie c'est un parc, un policier et une jolie fille). C'est ce qui distingue le talent de la simple composition scolaire.
Rien d'inoubliable en fin de compte, même si ce film a tout de même le mérite (moyen) de dresser le portrait de l'un des artistes les plus talentueux du cinéma : à voir si on veut se faire une idée du personnage. Les fans inconditionnels, eux, préféreront se replonger dans les films de Chaplin ou dans d'autres documentaires (par ailleurs excellents), qui nous permettent de creuser vraiment la vie mouvementée et complexe de mon grand-oncle.