Les débuts de Sautet le voient s’essayer au genre en vogue à l’époque, le film noir, et avec un talent certain. Réunir Lino Ventura et le tout jeune Belmondo est déjà en soi une réussite, et c’est avec un plaisir évident qu’on suit la cavale de ce gangster qui se déleste, à mesure que l’étau se resserre, femme, amis et enfants. Sautet parvient, dès le départ, à gérer les mouvements de cet individu tentant de se fondre dans la foule, avec cette fluidité qui caractérisera tout son cinéma à venir, même si elle sera davantage au service des sentiments du quotidien.
Ventura, c’est de notoriété, n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour imposer sa présence, et le binôme qu’il forme avec Belmondo instaure une amitié à laquelle on arrive à croire sans peine. Dans cet univers noir où les individus s’opposent aux lois d’un milieu sans état d’âme, on pense au Melville du Doulos ou du Samouraï, sans pour autant en atteindre l’intensité minérale. Le film souffre d’un certain manque de rythme, et l’ennui guette poliment de temps à autre.
Il n’empêche que sa noirceur est plutôt efficace, aidée par un final touchant et le recours à la voix off qui sera aussi l’une des marques de fabrique du cinéma Sautet, qui sera plus à l’aise avec les problématiques sentimentales qu’il ne l’est ici avec les lois du genre.
(6.5/10)
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