Run, man, run.
Quand, petit con que j'étais, j'ai découvert Van Cleef, il s'appelait Sentenza et c'est lui que j'ai adoré. Tuco ensuite. (Blondin n'a jamais été ma came) Il avait la classe, une tige de chasseur de...
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le 29 août 2013
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(1966. FR : Colorado. ITA : La resa dei conti. ENG : The big gundown. (titre français assez débile puisque le film se déroule au Texas et au Mexique…)
Vu en VOST, version Director's Cut, Wild Side. Zappez la version courte, son seul intérêt étant de montrer à quel point les distributeurs découpaient les films n'importe comment... L'excellente première scène est ainsi totalement tronquée…)
Jonathan Corbett (Lee Van Cleef https://www.senscritique.com/liste/Mes_acteurs_fetiches_Vol_6_Lee_Van_Cleef/2871042) est un chasseur de primes texan particulièrement efficace, tellement que la liste de hors-la-loi fond à vue d’œil ! Doté d'un certain âge et fort de sa réputation d'homme implacable et loyal, ses amis veulent qu'il se présente au Sénat. Il rencontre Brokston (Walter Barnes), un riche industriel souhaitant faire passer le chemin de fer au Texas et au Mexique, prêt à financer la campagne électorale de Corbett. Bien que méfiant, le chasseur de primes accepte le deal et se retrouve malgré lui à la poursuite d'un péon (Tomas Milian https://www.senscritique.com/liste/Mes_acteurs_fetiches_Vol_1_Tomas_Milian/2861774) accusé d'avoir violé et tué une fillette...Son but : retrouver le malfrat lors de sa dernière chasse et devenir sénateur. Mais un doute subsiste dans l'esprit de Corbett…
Premier western de Sergio Sollima, La resa dei conti est un superbe coup de maître ! Après avoir réalisé quelques films d'espionnage fauchés et méconnus, Sollima se retrouve ici à la tête d'un gros projet. En effet, on retrouve ici nombre de personnes ayant œuvré sur les westerns de Leone comme le producteur Alberto Grimaldi, le scénariste Sergio Donati, Carlo Simi pour les décors et costumes, Morricone à la musique, Lee Van Cleef au casting… Un gage de qualité !
A partir d'une histoire très classique, Sollima nous livre ici un sommet du western italien. Sa maestria dans la réalisation et la mise en scène sautent aux yeux dès la magnifique première scène : le cérémonial des trois balles, le pendu arrivant au coin de l'écran...D'autres superbes tableaux parsèment ce petit chef d’œuvre : la scène du barbier et la première rencontre avec Cuchillo, la séquence du ranch entre la corrida et l'échange de regards lors de la scène des coups de fouet...D'autres moments, anecdotiques, surprennent la rétine comme le camp de mormons, la fête des morts mexicaine ou encore cette mission perdue à la frontière mexicaine…
Une parfaite utilisation des décors naturels, de l'énorme B.O. de Morricone, et du talent des ses interprètes qui touche à la grâce lors du final, long de près de 20 minutes. Il faut voir Cuchillo atteindre le haut d'une falaise en plein soleil, faire corps avec le décor, se faufiler dans les champs de canne… Clairement, cette longue séquence finale, ponctuée de trois duels de grande classe magnifiés par Morricone, efface les quelques petits défauts du film ( jeu d'acteurs parfois limite, désynchronisations, et des digressions n'apportant pas grand chose à l'histoire) et finit de rendre ce Colorado totalement emblématique du western à l'italienne !
Au-delà de la forme, Sollima donne du fond à son histoire, démarquant de nouveau son film des piètres bobines de nombreux spaghettis. Même s'il s'est toujours défendu de faire de la politique à travers ses films, difficile pourtant de ne pas en voir un peu partout. Brokston représente parfaitement le magnat des chemins de fer se mêlant de politique, prêt à toutes les alliances et compromissions pour asseoir son empire ; Don Serrano figure le colonisé collaborateur, le notable que le blanc accepte...surtout s'il fait les basses besognes à sa place. Quant à nos deux vedettes, elles symbolisent chacune des valeurs bien différentes. Corbett est un vieux chasseur américain bien portant et très classe, sur le point de devenir sénateur ; Cuchillo n'est qu'une pauvre racaille habillé de haillons, un péon mexicain toujours en fuite. L'un porte une arme, l'autre n'a qu'un couteau. L'Amérique contre le tiers-monde, le western US face au western italien…
Au niveau du casting, saluons la grand Lee qui compose ici un superbe personnage à la fois loyal et orgueilleux, ne supportant pas de perdre sa proie (le titre de la nouvelle ayant servi de base au film est Le vautour et la proie) et ayant un goût prononcé pour la mort, son « métier ». Notons que Sollima indiqua qu'il buvait des dizaines et des dizaines de bières sur le tournage, on comprend ainsi mieux ce visage buriné, fatigué, vieillissant...Bref, une tronche qu'on n'oublie pas.
Et pourtant, il se fait voler la vedette ici par le jeune Tomas Milian, encore peu connu, qui marque son entrée dans la cour des grands. Tantôt bestial et sauvage, tantôt bouffon pleurnichard et rusé, une démarche en canard, des fringues qui n'en sont même pas… Son personnage rentre dans la légende, une suite sera tournée peu après (Corri, uomo, corri ou Saludos Hombre) et ce personnage de mexicain révolté, symbole du tiers-mondisme, collera à la peau du cubain.
Les seconds couteaux sont également de grande classe comme Nieves Navarro, la veuve sado, Antonio Casas, en frère Smith and Wesson, ou Fernando Sancho(https://www.senscritique.com/liste/Mes_acteurs_fetiches_Vol_18_Fernando_Sancho/2878278) en policier mexicain qui sortent tout droit du Ringo de Tessari. Nombre d'autres ont été aperçus dans les Leone comme Franck Brana, Benito Stefanelli et Romano Puppo(https://www.senscritique.com/liste/Mes_acteurs_fetiches_Vol_14_Romano_Puppo/2875077) en serviteurs au ranch. Roberto Camardiel en shérif alcoolique et désabusé, Lorenzo Robledo pauvre pionnier détroussé par un Corbett pas si sympa. N'oublions pas également Nello Pazzafini(https://www.senscritique.com/liste/Mes_acteurs_fetiches_Vol_7_Nello_Pazzafini/2872669) et José Torres à l'état de cadavres, Herman Reynoso en chef mormon aux mœurs douteuses, Angel Del Pozo qu'on reverra dans Faccia a Faccia ou encore Gerard Herter en duelliste prussien charismatique et caricatural…
Enfin, fan invétéré du Maestro Morricone(https://www.senscritique.com/liste/Ennio_Morricone_mon_maitre_a_penser/2853134), je considère sa composition pour ce film comme l'une de ses meilleures. Tantôt épique avec la chanson de Cristy, angoissant avec les thèmes de la chasse ou du désert, funèbre avec la Resa, exquis avec sa relecture de la Lettre à Elise… Bref, une extraordinaire Bande Originale, reprise par un certain Tarantino…, que je ne peux que vous conseiller : https://www.youtube.com/playlist?list=PLDmdF1ma6cZoUvBIxILu0S9ZgMa8eFtc3
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le 2 janv. 2021
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