Crazy Kung-Fu par Ryo_Saeba
Après la retrosession en 1997, la situation du cinéma Hong Kongais déjà pas bien en point, chuta encore plus. Au fils des années les attentes du public local ont changés et Stephen Chow en fait les frais en 1999 avec l'échec de King of Comedy. Le film pourtant ne méritait pas ça, il reste sans aucun doute le plus personnel et le plus aboutis de la carrière du réalisateur. Après avoir tiré les leçons de cet échec, Stephen Chow décide de reprendre un de ses précédent succès en l'adaptant au gout du jour. Le réalisateur prend donc la matrice de God of cookery, change la cuisine par le football plus fédérateur et utilise les effets spéciaux derniers cris pour rivaliser avec les films en provenances de Hollywood. Shaolin Soccer est un succes et une reussite, non seulement Stephen Chow renoue avec le box office Hong Kongais mais en profite pour se faire connaïtre sur la scène international.
Pour Kung Fu Hustle cette fois les investisseurs étrangers (en l'occurrence columbia) investisse dès le début du projet offrant au metteur en scène un budget plus que confortable. Fan de Bruce Lee depuis toujours, chacun de ses films comportant au moins un clin d'œil au maître, Stephen Chow a toujours voulu réalisé une kung fu comédie comme celles de l'age d'or des années 70, 80. Tout était donc réuni pour que Kung Fu Hustle soit une grande réussite, voir carrément un moteur pour relancé le cinéma d'arts martiaux à Hong Kong, berceau du genre, et pourtant ...
Dès les premières minutes du films le budget se voit à l'écran. La photographie est travaillée, la reconstitution du Shanghai des années 30 ainsi que les costumes sont réussis et un soin particulier a été entrepris sur la mise en scène. Il faut bien le souligner, c'est ici le film de Stephen Chow le plus maîtriser au niveau de la réalisation, jamais l'acteur / réalisateur n'aura été si présent derrière la caméra. Et c'est bien ça le problème. Stephen Chow tout comme Charles Chaplin, Jim Carrey, Roberto Benigni ou encore Luis de Funes, en plus de posséder une sorte d'aura à l'écran, il est un véritable moteur pour ses films. Durant de longues années il a developpé son personnage de looser à la fois plein de méchanceté mais tellement sympathique. Alors que ces derniers films se concentraient sur ce personnage quasi exclusivement associé à son compagnon de toujours Ng Man Tat (absent du film suite à une brouille entre les deux hommes), Kung Fu Hustle aligne les personnages secondaires et amène beaucoup moins de développement à son personnage.
Le résultat est un film trop brouillon dans sa narration, certaines choses comme la romance sont a peines esquissés. La comédie est davantage mis en retrait laissant place à des combats sympathiques mais abusant parfois d'un surplus d'effets spéciaux. Ces derniers, présent tout au long du film, sont louables quand ils s'agit de servir la comédie et un certain esprit cartoon mais ce n'est malheureusement pas toujours le cas et la saturation se fait parfois sentir.
Malgré un film visiblement plus formaté pour l'international qu'à l'accoutumé, on retrouve tout de même dans l'humour, l'esprit qui a fait le succès de Chow Sing Chi. Cette "Chow's Touch" bien méchante se retrouve quand une fille se fait imbibé d'essence, un tabassage assez long suivi d'un urinage collectif sur un enfant, les blagues sur les clochards, la fille aux longues dents ... Il faut également ajouté à ça des hommages ou clins d'œils à des films ou cinéastes qu'il apprécie : le couple de propriétaire faisait référence au House of 72 Tenants de Chu Yuan, les grosses lèvres et le kung fu grenouille de Eagle Shooting Heroes, le coup de la paume du Buddah tiré du célèbre Buddha's Palm des années 60 ou encore quelque uns raffinés (Top Hat) ou grossiers (Shining), sans oublié les fameux clins d'œil à Bruce Lee.
Kung Fu Hustle est donc un bon divertissement mais très loin du niveau des plus grandes réussites du réalisateur. On peut saluer tout de même la jolie tentative de redonner un coup de jeune à un genre pratiquement disparu et sur ce point, Stephen Chow réussi là où Lau Kar Leung avait échoué avec son Drunken Monkey à cause d'un esprit trop conservateur, même si parfois la surenchère d'effets visuels n'est pas toujours réussi.