L'embarras du choix

La vedette (Donna Martell) de leur show musical venant de leur faire défaut, Leo Belney (Kurt Kasznar), Ted Sturgis (Gower Champion) et Felix Jordan (Larry Keating), respectivement compositeur, metteur en scène, producteur du spectacle, aidé de leur assistant Bob Dowdy (Bob Fosse), passent une annonce dans le journal dans l’espoir de dénicher une perle rare méconnue qu’ils puissent propulser au premier rang. Trois d’entre elles sont choisies : Joanna Moss (Helen Wood), dont Leo est amoureux sans savoir qu’elle est déjà mariée, Suzy Doolittle (Debbie Reynolds), envers laquelle Bob a ressenti le coup de foudre, et Madelyn Corlane (Marge Champion), ancienne compagne de Ted avec lequel elle est en froid. Mais si les sélectionner fut facile, les départager ne va pas être tâche aisée…

Revenir au genre de la comédie musicale juste après lui avoir offert un de ses plus grands chefs-d’œuvre avec Chantons sous la pluie était risqué pour Stanley Donen, mais avec Donnez-lui une chance, s’il n’atteint évidemment pas le niveau de sa précédente comédie musicale, il assure une parfaite transition vers la suite.
Du côté du scénario, on retrouve à peu de choses près l’inconsistance qui caractérisait déjà celui de Mariage royal. Toutefois, ici, les numéros musicaux, exceptionnellement chorégraphiés par Stanley Donen lui-même et son acteur principal Gower Champion, compensent parfaitement l’absence de réelles péripéties. C’est en effet un vrai plaisir de se plonger dans cette ambiance dont Donen est décidément le roi, à l’aide de chorégraphies millimétrées, d’une inventivité à toute épreuve et de prestations hallucinantes de la part d’acteurs/danseurs comme toujours parfaits (on retient évidemment le duo Bob Fosse/Debbie Reynolds, mais le couple Gower/Marge Champion fait également merveille).
Donnez-lui une chance n’a donc à peu près rien à raconter, mais il le raconte tellement bien qu’on ne lui en tient pas rigueur, et qu’on préfère se laisser porter par la poésie de la mise en scène et par la musique pleine de bonne humeur et de dynamisme de Burton Lane plutôt que de s’attarder à des détails insignifiants. Une franche réussite qui mérite une bien plus ample reconnaissance.