On l'a espéré. On l'a attendu. Au final, on ne l'attendait plus. Hollywood l'a quand même sorti. S'attaquer à l'adaptation cinématographique du manga "Dragon Ball" était un geste aussi osé qu'inconscient, le manga ainsi que le dessin animé étant si culte qu'une horde de fans criait déjà au massacre avant même le tournage du film. Ils ont eu bien raison ! Moi-même fan du manga, je reste encore ébahi par tant de médiocrité...
Le scénario s'avère anémique, à peine fidèle au matériau original et ne reprenant que quelques noms et idées pour ensuite tout détruire à grands coups d'américanisation malvenue comme ce Goku ado se faisant bizuter au bahut comme un Peter Parker du pauvre, l'inutile présence d'un Yamcha sous-exploité ou encore la venue de Piccolo sur Terre d'un ridicule époustouflant. C'est donc principalement plus sur le traitement accordé aux personnages que le bât blesse le plus : alors drôles, épiques ou terrifiants dans le manga (Piccolo est un véritable tueur sanguinaire, pas un méchant qui assèche des rivières du haut de son vaisseau spatial), ils sont ici caricaturaux, ringards, ennuyeux.
L'histoire si palpitante créée au fur et à mesure par Akira Toryahama est transposée à son plus simple aspect, les scénaristes éclipsant naturellement de nombreux passages (obligatoire pour toute adaptation qui se respecte) tout en massacrant l'ensemble grâce à des dialogues insipides, des séquences lourdissimes et d'autres incohérences terrassantes de débilité. Ainsi voit-on nos prestigieux héros attendre toute une nuit au fond d'un piège pour ensuite constater que l'un d'entre eux peut aisément en sortir d'un simple saut. Ainsi voit-on également un bruyant tournoi d'arts martiaux dissimulé derrière une colline silencieuse. Affligeant.
65 millions de dollars passés à la trappe, les piètres acteurs ne coutant pas très chers (la présence de James 'Buffy contre les vampires' Marsters, ça n'a pas de prix), les effets visuels étant au plus haut ratés et la promotion du film étant quasi-inexistante, ce budget colossal est un véritable mystère. Reste heureusement pour le spectateur lambda un puissant nanar bourré de combats oubliables et de ralentis inutiles, comblant des séquences de pseudo-romance soporifique... Rien à redire, l'adaptation cinématographique de "Dragon Ball" est LA déception ultime, autant pour les fans que pour un quelconque amateur de films d'action.