Attention, cet avis comporte ce genre de spoilers:
article R416-1 du code de la route :
En agglomération, l'usage de l'avertisseur sonore n'est autorisé qu'en cas de danger immédiat.
Contrevenir aux dispositions du présent article est puni de l'amende prévue pour les contraventions de la deuxième classe (35€).
Mais l'appel de phares est autorisé et à priori moins agressif.
Allez, 3 étoiles parce que le premier tiers pose l'ambiance d'une époque. La suite s'apparente à un slasher bas-de-plafond qu'un Russel Crowe inquiétant et en voie de John-Goodmanisation ne saurait transcender. Nul besoin de tirer sur l'ambulance.
Le plus angoissant dans cet accident cinématographique reste sa morale. Bon évidemment, on n'a pas à faire à un film intello mais à un divertissement grand public qui se destine à public jeune. La morale véhiculée est d'autant plus intéressante à scruter.
Impasse philosophique
C'est un coup de klaxon qui sert de prétexte à la rencontre entre l'héroïne et le méchant. Le discours de ce dernier est de prime abord à peu près raisonnable et en fait humaniste. Un monde où l'on klaxonnerait un petit coup ne serait-il pas un monde meilleur? Un petit coup, c'est un petit stimuli qui vient rompre la torpeur ou l’inattention de celui à qui il est destiné, un micro rappel qu'il n'est pas seul sur la route. Non, au lieu de ça, on le gratifie au premier écart, à la première seconde retard, d'un grand coup de klaxon qui témoigne déjà de notre degrés d'exaspération. A peine est-il devant nous qu'il est déjà de trop, sur notre route, qu'il nous gêne, qu'il nous encombre.
Et si au lieu de le noyer sous un déluge sonore, exutoire à nos propres turpitudes, nous prenions une seconde pour nous dire que l'autre n'est pas forcement un abruti de première, mais une personne qui a ses propres problèmes. Un jour ou l'autre, nous serons lui. Ce jour-là, ne serons-nous pas autant exaspérés que celui qui nous rappelle à l'ordre à grands coups de décibels? Est-on vraiment obligé de se crier dessus à la première contrariété? Sortiront-nous grandi de l'altercation?
L'héroïne ne s'y trompe pas. A peine le type essaye-t-il d'engager calmement la discussion avec elle qu'elle bascule en mode bunker ou plutôt en mode autruche, "je-fais-comme-s'il-n'était-pas-là-alors-qu'il-est-là-et-qu'il-sait-que-je-sais-qu'il-est-là". Il me parle, donc c'est un psychopathe.
Et nous, on sait bien que oui, c'est un psychopathe qui tourne au-delà du rupteur vu qu'il a
massacré son ex-femme et son amant d'avocat dans la scène d'avant.
Autant dire que dans sa bouche, le discours humaniste est disqualifié par
l'atrocité de son action précédente.
L’héroïne a donc eu raison de se méfier d'autrui. C'est d'avoir peur qui est en fait raisonnable.
La raison du plus violent est toujours la meilleure
En faisant semblant de l'ignorer, elle a juste attiser sa colère. Le psychopathe va tenter de lui inculquer une leçon. Et à la fin, comble de l'horreur,
elle a compris la leçon.
Et de la pire des façons. Ok, on pourrait me rétorquer que la dernière scène est un pied-de-nez ironique. Moi j'y retrouve le triomphe de la peur, préconisée comme mode de vie.
Explications:
une voiture passe en trombe devant elle et cette fois elle n'ose plus klaxonner. Sauf que cette fois, elle a vraiment eu peur et l'utilisation du klaxon aurait été pleinement justifiée (contrairement à la première fois) pour signaler le danger. Elle a donc intériorisé qu'il valait mieux ne rien dire, ne pas se manifester, parce qu'on ne sait pas à qui on s'adresse. Dans le doute, imaginons le pire: autrui est un psychpathe. Alors on s'écrase, on prend sur soi. Ne surtout pas "la ramener". On a donc encore raison d'avoir peur et de laisser faire.
Moralité: terroriser une femme, c'est comme ça qu'elle apprend la "leçon"?! Beurk.
Sinon, essayer le dialogue, le calme et l'empathie, bien mené, c'est plus satisfaisant et libérateur pour les deux parties.