Second film de Lars Von Trier et de sa trilogie Europe. Dès Element of Crime, sorte de Querelle lynchéen, Lars a été considéré comme un cinéaste à suivre, à raison quelque soit l’adhésion à son travail. Avec Epidemic, le danois réalise un peu sa version de L’antre de la folie. Au programme sont associés deux niveaux narratifs : la collaboration d’un cinéaste et son scénariste pour le film baptisé Epidemic ; et le déroulement de ce film, où un médecin lutte contre la propagation d’une épidémie.
Epidemic est loin d’être nul, il a la vertu des premiers films d’auteurs intransigeants (la brutalité), il a également les vices et les lourdeurs des produits de petits malins surjouant l’hermétisme et l’anticonformisme. Le résultat baigne dans un climat légèrement surréaliste, avec quelques séquences larguant les amarres du vraisemblant. Epidemic n’a à peu près aucun intérêt, sinon celui de voir Lars quand il était jeune et élancé, de considérer sa fougue de jeune cinéaste, son intégrité stylistique et sa singularité.
On peut dire d’Epidemic qu’il a des airs de Bergman (Cris et Chuchotements) corrigé par Tsukamoto (Tetsuo). Cela semble alléchant, sauf que cette considération n’est qu’un aperçu, tout comme Epidemic n’est qu’un gros aperçu des aspirations de Lars Von Trier. Il est moche, illisible d’un point de vue plastique et narratif, brouillon dans l’idée et planqué dans le concept. C’est le spectacle underground bidon mais vaniteux par excellence, ressemblant à un amalgame de rushes en noir et blanc, où le contentement sur son présupposé génie prend le pas sur la démarche de créateur.
Tous les films de Lars Von Trier :
http://www.senscritique.com/liste/Classement_personnel_du_cinema_de_Lars_Von_Trier_Zogarok/639198