In heaven, everything is fine.
David Lynch n'est pas connu pour l'accessibilité de son cinéma tant fouillé qu'imperméable à qui n'accrochera pas à une patte artistique particulière. Eraserhead est typique de ce style qui mélange le vrai et le faux, le réel et le rêve et où la phrase "le monde est une scène" a parfaitement son sens.
Eraserhead à l'esthétique particulière se démarque par le fait que chaque scène ne soit pas que l'histoire de cet homme imprimeur en vacances dans l'un des coins les plus morbides qui soit et qui s'amourache d'une fille dont l'inquiétante étrangeté de la famille ferait peur à un soldat royal anglais. Car s'il y a bien deux choses à retenir de ce film ce sont bien son esthétique lugubre digne d'un film impressionniste allemand du début du 20ème siècle et son propos à la fois sombre, noir, tordu et dérangeant.
Faire des allés-retour entre l'esprit et la réalité est exactement le voyage que nous propose de faire ce film, un esprit naïf, enfantin et qui n'était certainement pas pret à subir ce qu'il va lui arriver. L'histoire d'un couple, et de son enfant illégitime, de l'esprit perturbé des sentiments qui se battent et de cet enfant si peu désiré qu'il en devient monstrueux, hideux, hurlant ses cris comme les supplices d'une erreur de la nature envers ses odieux créateurs.
Eraserhead, la tête de gomme, est une oeuvre si épaisse qu'il en existe des dizaines d'explications différentes, la mienne est qu'il s'agit d'un discours sur l'acceptation, sur ce qui apparait répugnant et immonde. Un esprit simple, et perdu rattrapé la réalité qui le dérange. Un scénario profond servi par un acteur saisissant sur le fond d'une esthétique qui joue le rôle de véritable personnage supplémentaire.
Et dans ce tumulte l'être immonde grandi, brisant son être et la fierté de son père, l'humiliant même de toute son innocence face à qui l'a perdu chantant son enfance puisqu'après tout "in heaven, everything is fine".