En 1986, Fellini sortait son « Ginger et Fred », l’histoire de deux artistes vieillissants grands admirateurs du célèbre couple Astaire/Rogers. Cela donnait un film mélancolique et amer sur la vieillesse, le temps passé… Dans le film de Noémie Lvovsky, la fascination autour de grand acteur/danseur est la même mais le discours général à l’opposé. Salomon (Jean pierre Marielle impérial !) est une espèce de Fred qui cherche sa Ginger, il est tonique pour ses 80 ans et n’a aucune honte à dire qu’il est encore un jeune homme. Le bal est ouvert ou plutôt un festival de situations cocasses et burlesques qui tournent autour de Salomon et de sa famille. Sa fille d’abord qui refuse de grandir et rêve toujours d’épouser papa, son épouse qui est partie décrocher les étoiles depuis 25 ans totalement azimutée, la femme de sa vie toujours en attente avant que n’arrive Violette. Le comique de situation repose ici sur l’environnement ou le hasard qui vient frapper les personnages dans des circonstances très décalées et provoque souvent le rire. Le ton général aussi reste corrosif, tout à tour la Shoah, la maladie, la solitude, l’intolérance seront exposées au rire. C’est parfois un peu lourd mais toujours bon enfant. Par contre ce qui est imparable, ce sont les acteurs. Derrière Marielle, on trouve un Bulle Ogier hilarante et totalement à contre emploi, une Azéma très fleur bleue et délicieuse. Mais aussi une kyrielle de troisièmes couteaux excellents qui composent le cinéma français depuis des années : Daniel Emilfork, Tsilla Chelton, Michèle Gleizer ou encore Rosette.