J'avais un souvenir plutôt désagréable du film à sa sortie. C'était avant de me replonger dans la filmo du réalisateur, qui donne un éclairage nouveau à cet opus. Au pire indulgent, au mieux fascinant.
Les fautes de goût abondent, mais qu'on ne s'y trompe pas, elles jalonnent un bon nombre de films de de Palma, surtout quand il y aborde le sexe et le désir : Body Double, Obsession notamment. La scène de strip tease est simplement ridicule, et tout ce qui concerne le récit, notamment la distribution des seconds rôles, est franchement mauvais, mention spéciale à l'acteur français que je crois avoir vu dans une bande annonce de Taxi, c'est dire...
Le récit lui-même regorge de raccourcis et d'incohérences. Là aussi, inutile de faire un procès à De Palma qui se fout pas mal des limites et des coutures : il a fait déjà bien pire, voir à ce titre L'esprit de Caïn... Le créateur cherche clairement des apogées et des convergences.
L'ouverture, modulation sur le Boléro de Ravel, serpente entre auto citation à l'apesanteur de Mission Impossible et mouvance chorale en hommage au cinéma.
Le final, censé justifier un twist sacrément douteux (le rêve prémonitoire de tout le film qui permet, au réveil, un nouvel aiguillage) propose une nouvelle fois une décomposition du regard : on retrouve l'obsession de la (re)consitution d'un instant éphémère, épine dorsale de Blow out.
On pourrait en déduire que De Palma devrait s'en tenir à faire des clips, mais c'est une erreur. C'est dans la durée et l'attente, quitte à se farcir des creux et du laid, que se déploie les grands moments du film.
Il est par ailleurs très révélateur de voir la ressemblance saisissante entre la comédienne de Femme Fatale et Rachel McAdams dans Passion, son dernier en date ; c'est toujours la même femme que De Palma filme, assumant jusqu'à la médiocrité de ses fantasmes.