Texas, milieu du XIXe. Quand son père (Fess Parker) quitte la ferme familiale pour escorter du bétail, Travis Coates (Tommy Kirk) se retrouve alors à 15 ans chargé de défendre sa mère (Dorothy MacGuire) et son petit frère Arliss (Kevin Corcoran). Pour commencer, il va d’abord débarrasser la ferme du chien qui vient régulièrement chaparder la viande accrochée devant la maison. Quand Arliss veut adopter le chien, Travis trouve cela ridicule… Mais quand le chien sauve la vie de son petit frère des griffes d’un ours, Travis est convaincu et développe une grande amitié avec lui. Ils deviennent inséparables, mais c'est sans compter que la vie prend souvent un malin plaisir à séparer les plus grands amis du monde…
Avant de réaliser les célèbres réussites qui émaillent sa carrière (Mary Poppins, Un amour de Coccinelle, L’Apprentie sorcière), Robert Stevenson proposait des films un peu plus modestes pour les studios Disney. Mais "plus modeste" ne signifie pas "moins réussi", et il montre dans ce western animalier davantage orienté vers les enfants (mais comme d'habitude, cela n'exclut pas les adultes du public) qu’il maîtrise déjà les codes cinématographiques qui feront son succès.
Il nous offre ainsi une galerie de personnages, pour certains légèrement caricaturaux, mais tous très consistants, et auxquels on s’attache très vite, notamment les deux enfants, Tommy Kirk et Kevin Corcoran, qui parviennent tous deux à développer leurs personnages pour les rendre très crédibles. On s’y attache aussi grâce au fait que le film prenne son temps pour nous faire assister à la vie quotidienne d’une famille américaine de fermiers du Far West, à travers de nombreuses scènes qu’on pourra peut-être trouver inutiles, mais qui confèrent au film toute son épaisseur, et c’est ce qui permet de fermer les yeux sur les péripéties somme toute très prévisibles, ainsi que sur quelques grosses facilités scénaristiques. C’est aussi parce qu’on s’est finalement attaché à ce point aux personnages qu’on pourra ressentir une véritable émotion devant la fin, très loin des fins faciles et naïves comme on pourrait accuser Disney d’en mettre dans ses films, une fin qui illustre bien le fait que, comme les studios nous n'ont l'appris récemment, "la vie n'est pas une comédie musicale où on se sent libérée, délivrée"... Mais d'ailleurs, quand on y pense, est-ce que ce n'est pas ce que les studios Disney nous ont appris dans la plupart de leurs films et dessins animés ? Qui a dit que Disney rendait les enfants débiles ?
Quoiqu'il en soit, se situant à mi-chemin entre Lassie, La petite maison dans la prairie et Rintintin (j'ai pris un coup de vieux, tout à coup !), Fidèle Vagabond n’est sans doute pas un chef-d’œuvre, certes, mais un beau film à voir (puis à revoir) si on l’a raté durant notre enfance.