Alors qu’il étudie à Ingolstadt, le jeune Victor Frankenstein (Kenneth Branagh) rencontre un professeur (John Cleese) qui a tenté de redonner vie à des cadavres, mais a échoué. Persuadé que c’est possible, Frankenstein décide de prendre la suite de son professeur, et parvient à faire revivre une créature (Robert De Niro) composée de morceaux de divers cadavres. Seulement, la créature est d’une laideur telle qu’elle se fait rejeter par tous. Elle décide alors de rejoindre son créateur pour se venger…
Après s’être essayé à la tragédie shakespearienne (Henry V), au thriller (Dead again), et à la comédie (Les Amis de Peter, Beaucoup de bruit pour rien), c’est vers un nouveau genre que s’oriente Kenneth Branagh : le film d’épouvante. C’est d’ailleurs plus un film d’aventures que d’épouvante auquel nous convie l'acteur-réalisateur, l'épouvante proprement dite restant cantonnée à deux ou trois scènes qui n’effrayeront que les âmes sensibles.
Il faut dire que, malgré l’hommage discret que le réalisateur rend aux vieux films du genre, il n’a pas pour but premier de nous effrayer. A travers le mythe créé par Mary Shelley, Branagh cherche en effet d’abord à nous émouvoir sur le sort de la Créature, bien plus victime que bourreau. S’il met toutes les chances de son côté en donnant à Robert De Niro le rôle du monstre, il a toutefois du mal à nous impliquer pleinement dans l’action, préférant comme trop souvent ses artifices de mise en scène à la profondeur du récit. Certaines scènes n’en fonctionnent pas moins, comme celles où la Créature se lie d’amitié avec le grand-père aveugle (excellent Richard Briers) d’une famille qui le rejette dès qu’elle voit son apparence, ou encore celle du face-à-face entre la Créature et son créateur dans la montagne.
Mais malgré ces quelques scènes où l’émotion point, le film pèche par un trop grand manque d’originalité, tant dans le traitement de son histoire que dans sa mise en scène. Reste un spectacle honnête et pas ennuyeux. Seulement, quand on pense à ce qu’un Tim Burton aurait pu tirer de ce conte gothique, on se dit que Branagh n’était peut-être pas le meilleur choix pour adapter une telle histoire…