Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'intemporel chef-d'œuvre de James Whale n'est pas inspiré du roman éponyme de Mary Shelley mais bel et bien de l'adaptation théâtrale écrite par Peggy Webling. Cette différence majeure explique donc pourquoi le film n'est pas vraiment fidèle aux écrits de Shelley et se concentre sur une toute autre intrigue tout en respectant bien entendu les lignes principales.


Exit donc l'arrivée de Frankenstein au Pôle Nord (le célèbre docteur se nomme par ailleurs désormais Henry et non Victor), la perte de son frère ou encore l'intelligence naissante de la créature et bien d'autres passages éclipsés... Ici, Whale filme principalement la création du monstre par le savant fou et son échappée dans la nature, causant bien des dégâts dans le village voisin. C'est donc à travers une histoire plus sobre et plus condensée que le réalisateur britannique signe son adaptation, privilégiant le suspense et l'action autour de magnifiques décors et avec un sens aigu de la mise en scène.


Ainsi aurons-nous droit à d'inoubliables scènes telles que la "naissance" de la créature dans le laboratoire, sublimé par un orage terrifiant, ou encore la touchante (mais dramatique) rencontre entre la créature et la petite Maria, scène dont la tendresse n'a d'égal que son horrible dénouement. La réalisation est donc soignée, bluffante aujourd'hui encore, épaulée par une musique enivrante et - surtout - une interprétation de qualité.


Car c'est avant tout grâce à son casting que Frankenstein restera dans les mémoires. Outre l'impressionnante prestation de Boris Karloff (méconnaissable sous les maquillages de Jack Pierce), à la fois pathétique et terrifiant sous les traits de ce monstre sans nom, nous faisons également face à la performance inégalée de Colin Clive dans le rôle-titre, dément et torturé docteur voulant égaler Dieu.


Se joignent également les très bons John Boles, Mae Clarke ou encore Edward Van Sloan, complétant un casting efficace et talentueux. Au final, Frankenstein marque au fer rouge l'univers du 7e Art grâce à sa mise en scène perfectionniste, son atmosphère lugubre et sa poésie intacte au fil des âges qui en font l'un des films fantastiques les plus mémorables de tous les temps.

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le 3 avr. 2019

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