Burton revient petit-à-petit
Après les décevants Alice aux Pays des Merveilles et Dark Shadows, il serait peut-être temps pour Tim Burton de refaire un peu surface. Car s’il s’était totalement perdu avec l’adaptation de Lewis Carroll, se planter sur le film de vampire avec Johnny Depp n’était pas tolérable. Or, le brillant réalisateur qu’il est nous a sortir tout un recyclage de son cinéma, sans opter pour la moindre originalité. Alors, quand sort Frankenweenie, remake version longue de son propre court-métrage, peut-on encore se demander si Burton a quelque chose de neuf à nous offrir ou bien est-il sur la fin de son imagination ? (ATTENTION, SPOILERS !!)
Pour ceux qui ne connaîtraient pas l’œuvre d’origine, Frankenweenie raconte l’histoire de Victor, jeune garçon solitaire et créatif qui n’a comme seul ami son chien Sparky et qui, après la mort de ce dernier, va décider de le ressusciter. Mais ramener un être à la vie peut apporter de terribles conséquences. Et donc, pour ceux qui auraient vu le court-métrage, leur peur de ne voir qu’un simple copié-collé était compréhensible, et ce malgré l’animation en stop-motion. Qu’ils se rassurent, ce Frankenweenie version 2012, bien qu’empruntant les mêmes chemins scénaristiques que son modèle (la résurrection de Sparky, ce dernier poursuivi par les habitants, la fameuse reprise du moulin en feu faisant référence au monstre de Frankenstein), le film se permet bon nombre de nouveautés. A commencer par des nouveaux personnages, camarades de classe de Victor, qui vont être la cause d’un délire que s’est permis Burton : une armée de monstres bizarres (tortue en mode Godzilla, une bande de simili-gremlins, un chat fusionné avec une chauve-souris…) qui serviront à donner du « spectacle » au final. De plus, il offre à Sparky une histoire d’amour. Malheureusement, si l’ensemble s’avère plaisant à suivre, on a tout de même l’impression que Frankenweenie nous a été livré en salles bien trop vite, sous la forme d’ébauche… Car en voulant s’écarter de l’œuvre d’origine, Burton propose au scénario mille directions à emprunter sans jamais que l’on voie le bout du chemin : une histoire d’amour entre Victor et sa voisine Elsa qu’on ne fait que supposer, une fin bien trop brutale, ce que devienne les camarades de classe après le final… Tant de questions qui n’auront jamais de réponses… Non, le film se veut principalement touchant en ne s’intéressant qu’à la relation entre Sparky et Victor et là encore, Burton déçoit un peu, oubliant d’introduire à son histoire un semblant de poésie (comme il l’avait fait pour le véritable Frankenweenie ou bien Edward aux Mains d’Argent). Même, certains passages sentent la niaiserie à un plein nez (l’effet Disney ?). Quelques mois séparent Dark Shadows de ce film. Encore plus de temps auraient du être nécessaire pour peaufiner ce scénario…
Heureusement que le film se rattrape grandement avec son animation en stop-motion, domaine où Burton s’est à plusieurs reprises montré qu’il en était le maître (Vincent, L’Etrange Noël de Monsieur Jack, Les Noces Funèbres). Et là-dessus, Frankenweenie ne déroge pas à la règle ! Surtout avec Victor, au physique qui se rapproche de Vincent ou bien du Victor des Noces Funèbres. Car, comme Dark Shadows, ce film se veut être un retour aux sources de Tim Burton, ce dernier imposant sa patte visuelle, ses références (films d’horreur, quartier de son enfance…) en y parsemant des détails de la vie actuelle (Pluton n’est plus une planète, le film s’ouvrant sur un court-métrage en 3D dont les parents font l’éloge de cet outil moderne…) Une animation propre au cinéaste, cette fois-ci en noir et blanc (pour le côté nostalgique d’une époque et de son propre cinéma), qui offre à Frankenweenie un visuel très appréciable ! S’ajoute à cela quelques effets spéciaux (éclairs et consorts) pour que le film soit, à nos yeux un véritable délice ! Malgré une 3D qui, elle, n’arrive toujours pas à faire ses preuves…
Et enfin, côté sonore, Frankenweenie s’en sort honorablement. Avec une VF appréciable, des bruitages qui tiennent amplement la route (surtout les aboiements de Sparky) et surtout la musique de Danny Elfman, qui semble retrouver ici son inspiration d’antan (les anciens films de Burton, justement !)
En clair, Frankenweenie est très sympathique mais aurait pu être bien mieux si Burton avait pris plus de temps pour le concevoir. De plus, il semble marquer le retour de son réalisateur, qui s’était récemment perdu dans des projets que visuellement intéressant. Continuant sur une bonne lancée le travail nostalgique effectué lors de Dark Shadows. Encore de la poésie à ajouter et quitter Disney serait pour lui les meilleures choses à faire pour que son prochain film arrive à la cheville de ses plus grandes créations (il faut bien les rappeler : Beetlejuice, Batman, Edward aux Mains d’Argent, Ed Wood, Sleepy Hollow, Charlie et la Chocolaterie, Les Noces Funèbres, Big Fish et Sweeney Todd).