Frankenweenie par cloneweb
Tim Burton n’est il pas un réalisateur surestimé ? Quand on regarde sa filmographie, on se rend compte que le réalisateur n’a rien fait de démentiel depuis Sleepy Hollow en 1999. Vous me citerez surement Big Fish en 2003 mais ce n’était sans doute qu’un sursaut puisqu’après on s’est farci Alice au Pays des Merveilles.
Je sais, vous me trouvez provocateur et à la limite du troll mais qui se souvient vraiment des Noces Funèbres ? Et que retenir de Sweeney Todd à part une chouette direction artistique ?
Quoiqu’il en soit, le réalisateur revient avec un deuxième film en stop motion (rappelons que L’Etrange Noël de Monsieur Jack a été mis en scène par Henry “Coraline” Selick).
Et Frankenweenie semble lui aussi bien éloigné du génie derrière Edward aux Mains d’Argents.
A l’origine, Frankenweenie était un court métrage avec de véritables acteurs (dont Barret Oliver, le Bastien de l’Histoire Sans Fin) racontant l’histoire d’un petit garçon qui rescussite son chien à la manière d’un Frankenstein après que celui-ci soit mort dans un accident de voiture. Le film se voulait alors un hommage aux films d’horreur des années 30. A l’époque, Burton n’avait pas pu en faire un long et Disney n’en avait pas voulu.
Le réalisateur a donc pris sa revanche sur le studio qui distribue le film, cette fois en stop-motion, scénarisé par John August.
L’histoire de départ est rigoureusement la même, si ce n’est que cette fois les personnages ont des apparences très burtoniennes. D’ailleurs, si vous avez eu l’occasion de voir l’exposition des dessins du réalisateur à la Cinémathèque avant l’été, les visuels vous parleront puisqu’on puise ici dans l’univers visuel du metteur en scène et même plus précisément dans ce qu’il dessinait étant plus jeune. Comme l’original, le film rend hommage à la Hammer s’offrant le luxe d’y montrer un extrait de film avec Christopher Lee.
Mais il va plus loin, et c’est un des défauts de ce Frankenweenie nouvelle génération. A travers ses images en noir et blanc, Burton rend hommage … à lui-même. Depuis l’ambiance reprise sur ses dessins jusqu’aux multiples allusions à Batman en passant par Big Fish (malgré l’absence de couleurs), le cinéaste s’auto-cite pendant près de 90 minutes. Et il n’est pas le seul puisque même Danny Elfman, vraiment peu inspiré, reprend quelques notes du célèbre thème du Chevalier Noir et les réutilise dans toutes ses partitions.
On est donc en terrain connu, trop connu. L’histoire se déroule sans qu’on ressente vraiment d’empathie pour le petit garçon et son chien. Elle se laisse suivre, grâce à quelques bons dialogues, mais ça n’ira pas beaucoup plus loin. La fin, imaginée par John August, déjà scénariste de Charlie et la Chocolaterie et de Big Fish, semble d’une évidence incroyable et aucune surprise ne vient ponctuer un récit bien morne.
Alors peut-on se rattraper à la technique ? La réalisation est sympathique, l’animation en stop-motion très bien faite. Mais malheureusement pour Frankenweenie il arrive après l’incroyable Paranorman et son animation parfaite. La comparaison est donc inévitable et le film de Burton n’arrive pas à la cheville de ce qu’a réalisé les studios Laïka.
Malheureusement, il n’y a pas grand chose à retenir au final de Frankenweenie. Si on ne s’ennuie pas, il n’est en rien mémorable. Et puis quand un réalisateur rend d’avantage d’hommages à lui-même qu’à ses maitres, a-t-il encore quelque chose à raconter ? Le Burton de Batman Le Défi a-t-il vraiment disparu au profit du producteur d’Abraham Lincoln Chasseur de Vampires ? Rien n’est moins sûr…