Gabrielle, c'est "Le 8ème Jour" à la façon québécoise. En termes de réalisation, on ne peut pas dire que ce soit bien fichu. A part quelques rares scènes où on effleure l'expérience troublée du monde de ces personnes ayant la déficience intellectuelle, on a l'impression de regarder un épisode de "Plus belle la vie". Mais ce film se rattrape par son approche juste et sincère de son sujet, portée par ses interprètes plus vrais que nature (et pour cause, la plupart ne jouent pas), Gabrielle en tête.

Si tout ce qui entoure l'histoire de "Gabrielle" n'est pas des plus passionnants (sa soeur qui veut rejoindre son amoureux à l'autre bout du monde, et ces parents qui s'inquiètent pour la vie amoureuse de Gabrielle et ses implications bien concrètes), dès que celle-ci revient au devant de l'écran, son "combat" pour la normalité dans l'amour et l'indépendance se révèle touchant, car on sent qu'elle l'habite du dedans, sans tricher dans ses sentiments. Des thèmes qui tendent bien sûr à l'universalité, mais je ne suis pas convaincu que le traitement parle pleinement à un public non québécois tant j'ai retrouvé une manière de faire typique de la Province.

Mais s'il faut peut-être un peu de temps pour le spectateur non initié pour digérer un vocabulaire marqué par son particularisme, l'émotion est bel et bien présente à chaque fois que ces personnes maladroites mais "belles" s'expriment par la chorale. Scènes simples dans le fond et la forme, mais porteuses d'espoir et pleine de sens, car c'est à ce moment là qu'elles peuvent être comme les autres, utiliser ces mots comme porte-parole de leur mal-être, exister sans que l'handicap soit prédominant (je ne suis pas fan du chansonnier, c'est le Sardou local, mais ses paroles sont percutantes). D'autre part, on peut regretter que ce film se conclue de manière aussi ouverte, mais au moins parvient-il à s'exprimer sur une réalité probablement peu connue en général. Mieux, le message va plus loin que des mots ou une belle image, à travers une histoire d'amour contrariée, qui ne demande qu'à être vécue. Un essai que certains trouveront bourré de bons sentiments, que d'autres trouveront inachevé, mais qui a le mérite de se poser les bonnes questions, avec pudicité mais avec une certaine volonté de crédibilité.
Arnaud_Mercadie
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le 14 janv. 2015

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Dun

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