Les films sur la boxe et moi c'est une grande histoire. Une histoire d'évitement. Un peu comme ces débiles qui essayent d'éviter un train en sautant des rails au dernier moment.


Jusque-là, je les évite plutôt bien. Million Dollar Baby m'en a touché une sans remuer l'autre. J'ai esquivé les Rocky avec la facilité d'un scénario de Richard Curtis.
Bon, bien évidemment, j'ai pas un taux de réussite parfait. Je me suis déjà pris une claque, un uppercut dans le menton. Raging Bull ça allait trop vite. Trop fort.


Mais en lançant Gentleman Jim, j'étais peu serein. Le manque de repères. Faute d'expérience des combats, on sait pas trop à quoi s'attendre. La boxe, c'est loin d'être un sport qui me fascine. ça a beau être un des sports les plus difficiles au monde, un des plus épurés, ça me fascine pas.
Alors du coup j'y allais un peu en touriste, en jean, les mains dans les poches.


Et puis petit à petit je me suis pris au jeu. Jeu de violence la boxe ? Jeu d'habileté plutôt. L'habileté, c'est la qualité première de James J. Corbett, alias Jim. Habile avec ses jambes, habile avec ses poings, habile avec ses mots.
Comment un simple employé de banque pourrait se retrouver boxeur de l'Olympic Club autrement ?


Pourtant, Gentleman Jim n'est pas qu'un film sur la boxe. C'est un film sur l'ascension sociale, sur les dérives qui attendent ceux qui montent trop vite, trop haut. Arrogant peut-être, Jim est sûr de lui et veut qu'on le remarque. L'ascension sociale touche également sa famille, qui perd progressivement la raison (en-dehors de sa mère), et ses amis.
Assez classique dans le déroulement finalement, du jeune parvenu qui se met la haute société à dos. Pariant contre lui, montant des combats face à des champions pour le remettre à sa place, les aristocrates s'emploieront pour le détruire.


Mais toujours agile, comme lors de ses combats, Jim s'en sort. Face à lui, Victoria Ware, fille d'aristocrate. La seule habileté qu'il lui manque peut-être ce serait avec elle, conflit permanent et désaccords violents rythmant leurs rencontres.


Arrogant, impétueux, m'as-tu vu, Jim n'a rien d'un gentleman, titre d'apparat dont il se pare pourtant. Du moins c'est ce que laissent penser les 90 premières minutes du film.
Vient alors la fin, moment d'émotion et de pureté cinématographique. Le respect, la dignité font enfin surface. Puis l'amour.
Après 1h30 d'un film à éviter les problèmes, que ce soit les coups ou les embuscades douteuses, Raoul Walsh nous offre 10 minutes donnant les solutions.


Porté par un Errol Flynn remarquable et une réalisation virtuose, il convient de dire un mot d'Alexis Smith (Miss Ware), qui bien que ne portant pas de gants du film a réussi à me mettre K.O.
Finalement, ce film, c'était Gentleman J'aime. Surtout en commençant et en terminant par le sublime Auld Lang Syne.


Je l'ai entamé en jean, mais je l'ai fini en short, prêt à aller sur le ring. Mais si la volonté est là, force est de constater que je n'ai pas l'agilité de Jim. Non seulement je l'ai pas esquivé le train, mais je l'ai pris en pleine poire. Je suis pas prêt de sortir de l'hôpital.

Black_Key

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