Un Peele au poil (ou presque)

Chris Washington (Daniel Kaluuya) se rend pour un week-end chez les parents de sa petite amie Rose (Allison Williams). Appréhendant fortement leur rencontre car il est noir de peau alors que Rose est blanche, il découvre une famille à l’apparence ordinaire, très gentille avec lui. Trop gentille… Chris se rend vite compte que quelque chose sonne faux, mais il est incapable de dire quoi.

Film à petit budget (4,5 millions de dollars), on ne peut pas dire que Get out soit passé inaperçu à sa sortie, dominant le box-office américain dès sa première semaine, et s’avérant d’une extraordinaire rentabilité.
Il faut dire que Jordan Peele le mérite amplement, à en juger par un travail plus que satisfaisant pour une première réalisation. Outre une belle photographie, sobre et élégante, Peele démontre en son talent à créer une ambiance inquiétante sans esbroufe. Il recule en effet constamment devant la grandiloquence, ce qui fait de Get out un film étonnamment sobre, particulièrement appréciable par son refus de l’horreur pure. Toutefois, ce choix est à double tranchant, car l’angoisse ressentie en est sensiblement diminuée, et l’ambiance en est rendue moins fascinante, d’autant que le film ne s’épargne pas quelques clichés malvenus (l’inévitable sidekick évidemment noir et obèse…).
Ce ne serait pas grave si les ressorts du scénario ne nous portaient naturellement à comparer ce film avec le très réussi A Cure for life, de Gore Verbinski, sorti quelques mois auparavant, dont le souffle, la tension, l’ambiance et la mise en scène sont autrement réussis que dans le film de Peele. Cela ne nous empêche heureusement pas de passer un très bon moment devant un thriller captivant, qui n'a rien d'un grand film, mais a au moins le bon goût de ne pas crouler sous le politiquement correct de son sujet, afin de proposer avant tout un divertissement tout ce qu'il y a de plus honnête, admirable par son refus systématique de toute vulgarité ou violence excessives.