Dirty arigato
Une musique composée de cordes enjouées, planante et tournée vers les nuages. Puis deux visages ahuris et du bitume face au portrait craché d'un homme en deuil. Un coup de serpillère imbibée violent...
le 28 juin 2012
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40
Ca faisait un petit moment que ce film trainait sur mon ordinateur : Arte l'avait diffusé sur sa chaine YouTube gratuitement durant l'été 2019 (2018 ?) et j'en avais fait une copie.
Je pensais avoir affaire à un film complexe, avec de nombreuses narrations et un grand changement de style. Au final, je me suis bien planté, on a, à l'inverse, quelque chose d'assez dépouillé : alors certes, une partie de l'histoire ne nous est pas raconté de façon linéaire, mais c'est plus une manière de présenter des flashbacks en les espaçant et de manière brute.
L'histoire, assez simple, d'un ex-policier peu locace qui s'endette afin de permettre à sa femme mourante de faire un dernier voyage est intéressante par la façon dont Kitano ne nous mâche jamais le travail : il présente les personnages de manière assez sporadique, n'énonce jamais le problème clairement et laisse plutôt les moments de silence raconter l'histoire.
C'est étonnant à quel point pour un film qui possède de nombreux plans fixes, dont le protagoniste est un pur taiseux, l'histoire du film passe comme une lettre à la poste. Il y a un style Kitano (que l'on retrouvera dans son film suivant, l'Ete de Kikujiro) consistant à suggérer une action en enchainant deux plans fixes. Plan A : lui avec un révolver / Plan B : un type par terre en sang. Ces plans anti-climatiques et toujours "un peu" trop long plantent une ambiance et un univers. Kitano sait user de leur enchainement pour nous raconter une histoire, voire pour nous piéger.
Après, le film n'est pas avare non plus de plans parfois léché (un traveling intéressant commençant au dessus d'une voiture et finissant par suivre le personnage en dos) mais on sent que Kitano aime bien les plans fixes, et son film est bourré d'image de personnes à l'arrêt, regardant quelque chose hors cadre.
Le film contient aussi d'autres bonnes scènes que ce soit des passages comiques dans une casse de voitures ou l'une des scènes de braquage les plus calme que j'ai jamais vue. Après, reste une intrigue autour des peintures de l'ex-collègue de Nishi qui, si elles sont reposantes, ne sont finalement là que pour montrer certaines des peintures faites par Kitano. C'est mignon mais un peu trop long. Après on pardonne tout à Kitano, y compris de se donner le premier rôle tant son visage si caractéristique fonctionne : le mec arrive à nous exprimer des émotions en effectuant à peine un demi-rictus. C'est fou.
Mais le plus intéressant dans ce film reste la façon dont l'histoire d'amour entre le personnage de Nishi et sa femme fonctionne en l'absence quasiment de dialogue : le film nous fait croire que ce silence résulte d'un problème, tandis qu'il s'agit en réalité d'une véritable complicité. Et juste en les voyant jouer au tangram, au carte ou se balader, quelque chose se créé et ils deviennent attachant. Ce minimalisme dans les sentiments chez Kitano est une force.
Ha, et il faut ajouter à cela une B.O. de Joe Hishaishi, ce qui rend forcément le film meilleur.
Créée
le 31 oct. 2020
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