Critique : Happiness Therapy (par Cineshow.fr)

Précédé d’une réputation assez incroyable pour une comédie dramatique, Happiness Therapy (titre « français » de Silver Linings Playbook – cherchez l’erreur) arrivera en France à la fin du mois de janvier après avoir remporté le prix du public au dernier festival du film de Toronto et depuis peu, celui de la meilleure actrice aux Golden Globes pour Jennifer Lawrence. Le prochain rendez-vous est déjà pris pour le mois de février à la cérémonie des Oscars avec pas moins de 8 nominations, dont meilleur acteur, meilleure actrice et meilleur acteur de second rôle, une véritable moisson mais surtout une aberration car si Hapiness Therapy n’est pas du tout mauvais voire même bon, le déluge de critiques positives ne justifie en aucune manière une aussi forte représentation à la cérémonie suprême. Deux ans après le succès de The Fighter emportant avec lui Christian Bale jusqu’à la statuette dorée, le réalisateur David O. Russel revient donc à ses amours d’origines, après un détour par le drame franchement réussi.

Sous l’angle de la rom-com, le réalisateur va aborder un sujet plus profond qu’est la réabilitation sociale de deux âmes tourmentées après pour l’une un séjour en HP (Bradley Cooper, personnage bipolaire) et pour l’autre le décès de son compagnon (féroce Jennifer Lawrence). Vu sous cet angle le sujet parait forcément très noir mais plutôt que de se morfondre dans un misérabilisme malvenu, David O. Russel choisi de prendre ces deux personnages dans leur phase de re-escalade de la vie pour surmonter les drames passés et aller de l’avant. Après une rencontre improbable et déjantée lors d’un dîner d’amis communs, les deux têtes d’affiches vont enfin se rencontrer et ainsi devenir l’unique intérêt de cette comédie grave traitée à grand coup d’enthousiasme et de positive attitude (n’est-ce pas Lorie ?). Agissant comme des aimants, en s’attirant et se repoussant pour inévitablement se retrouver, la relation de découverte de l’un l’autre se révèle la grande réussite de ce Happiness Therapy.

Grâce à une écriture des plus rigoureuses dans sa première partie ne succombant que rarement aux facilités, on suit avec intérêt et souvent tendresse cet amour naissant mais nié de la part du personnage incarné par Bradley Cooper, qui persiste à vouloir renouer les liens avec son ex-femme et ainsi retrouver le chemin de sa vie passée. Pourtant, rien dans le script ne peut se targuer d’être surprenant ou de sortir des sentiers battus définis par les codes du genre. Mais la faculté qu’à David O. Russel à utiliser la cartouche du « personnage bipolaire » et à faire de quelques scènes des pics d’attention pour mieux gérer l’émotion grandissante de ses spectateurs est intéressante. Un justesse de ton et d’approche ne moquant jamais les personnages mais en les faisant se comparer l’un à l’autre à qui serait le plus taré des deux pour créer le sourire. Une bonne humeur sur un sujet qui ne l’inspire pas naturellement appris aux cotés de son fils, lui-même bipolaire (une proximité avec la maladie qui lui permet d’en rire sans jamais la tourner en instrument de blague facile)

Pourtant, malgré une volonté sincère de se focaliser sur le couple principal (au détriment d’ailleurs des autres personnages d’un classicisme convenu et dont la nomination aux Oscars est incompréhensible), le film peine à se renouveler passés la moitié du récit et succombe à de nombreuses facilités qui l’emmèneront tranquillement vers un final sympathique mais éculé et bien trop long, sorte de Danse avec Stars à l’Américaine. En se résignant à partir vers des idées de comédies romantiques déjà vues un peu partout, Happiness Therapy tombe assez rapidement dans la moyenne commune des films du genre en restant toutefois au-dessus de la mêlée grâce à la performance intéressant du couple principal.

Cela n’enlève en rien le coté rafraîchissant de l’aventure et la pêche générée par cette remise sur pieds à grands coups de hurlements et de pétage de plombs entre les protagonistes, mais il eut été préférable de continuer vers la voix que le premier acte construisait plutôt que de se ranger du côté de la zéro prise de risque. Un véritable problème de construction qui laisserait à supposer que le sujet grave abordé en début de métrage impose une fin plus légère équivalente, hors non. La réussite (même moyenne) au concours de danse n’intéresse finalement pas grand monde mais sonne dans le scénario comme l’argument de poids de cette fin d’histoire. Une séquence qui ne sera d’ailleurs pas sans rappeler à l’esprit un certains Little Miss Sunshine qui voyait également dans la défaite une véritable victoire sur soi-même. Une situation presque embarrassante pour David O. Russel qui se débrouille comme il peut pour finir son projet et le termine de manière totalement prévisible alors qu’il partait pourtant sur des bases peu vues.

En dépit de ses lacunes finales, Happiness Therapy véhicule un capital sympathie indéniable dont Hollywood ne nous en avait plus offert depuis un petit moment. Un feel-good movie générateur d’une euphorie éphémère qui n’aurait pas dû masquer le fait que ce film n’est qu’une nouvelle bonne comédie dramatique, rien de plus. Les acteurs s’ils apportent effectivement une relation fusionnelle contagieuse à l’écran ne méritent en aucun cas les éloges dithyrambiques qui n’en finissent plus de pleuvoir. Et voir Bradley Cooper aligné aux coté de Daniel Day Lewis, Denzel Washington ou Joaquin Phoenix, tous les 3 monstrueux dans leurs interprétations, tandis que Jennifer Lawrence sera aux cotés Jessica Chastain, Naomi Watts ou Emmanuelle Riva, a quelque chose d’assez atypique voire de grotesque (n’y avait-il pas d’autres premiers rôles en 2012 à distinguer ?).
mcrucq
7
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le 14 janv. 2013

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Mathieu  CRUCQ

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