Finie la VHS, bonjour le DVD ! Et ce passage à la modernité numérique n'est pas la seule nouveauté : Alfonso Cuaron est derrière la caméra, pour faire grandir une saga qui démarrait bien sagement !
Le résultat est sans appel : l'univers est bien plus sombre, bien plus adulte et torturé que dans les deux précédents opus. L'intrigue elle aussi gagne en maturité : l'ennemi n'est plus simplement Lord Voldemort, il est multiple et complexe et peut se trouver caché dans les plus noirs secrets de ceux que l'on prenait pour des amis. S'il est un exemple pour souligner mon propos, c'est bien celui-ci : la traditionnelle séquence de démarrage chez les Dudley est toujours aussi truculente, mais immédiatement suivie par la fugue d'Harry qui, errant près d'un jardin d'enfant déserté, dans une rue humide et sombre, rencontre un chien noir, sale et ébouriffé des plus inquiétants, situation rapidement désamorcée par l'arrivée pimpante du Magicobus. Et par cette manière d'amorcer une situation d'angoisse et de rapidement la désamorcer, Cuaron donne le ton : la quête ne sera pas faite par Harry directement, il sera d'abord l'objet de la quête, le point d'arrivée d'une recherche sombre, une recherche de son identité, de son passé.
Et partant, l'opposition entre ombre et lumière est permanente : dans le train, la première rencontre avec le Dementor (que j'ai vraiment du mal à appeler Détraqueur) est profondément oppressante et noire (petite anecdote d'ailleurs : la main du Dementor a nécessité à elle seule plusieurs mois de travail informatique !), situation désamorcé par Lupin et son Patronum. Et cette opposition n'est jamais caricaturale ou manichéenne : si Poudlard est sombre, l'extérieur du château et la cabane de Hagrid son plus clair et lumineux certes, mais pas d'une lumière franche et pure : c'est une lumière fragile, qui vient après l'orage, humide et incertaine, comme tout l'est en permanence dans cette opus. La menace de Sirius Black, les Dementors et le reste font grandir l'intrigue ainsi que les acteurs, qui m'ont époustouflé par leurs performances respectives comparativement aux deux premiers films ; l'âge de la maturité est aussi artistique.
La réalisation de Cuaron est bluffante : tout ce que l'on pouvait reprocher à Chris Colombus a été pris en compte, corrigé et sublimé. Finalement, le pari est réussi de manière totale pour ce troisième volet de la saga, qui conservera toujours son identité si particulière et son aura si envoûtante.
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