Si vous n'avez pas encore passé votre première année à Poudlard, veuillez vous rendre à la cérémonie du Choixpeau
Si vous n'avez pas déjà découvert ce que cachait la chambre des secrets veuillez vous y rendre.
C'est fou comme il ne faut pas grand chose pour faire basculer un film un peu mou comme le second opus de la saga Harry Potter vers une franche réussite.
On ne reprochera pas à J.K.Rowling de ne pas avoir donné assez de matière aux cinéastes qui ont eu la lourde tâche d'adapter les aventures du jeune sorcier sur grand écran.
En tant qu’aficionados de la série en bouquin, et ce malgré ma vingtaine d'année lors de ma première lecture de la saga(c'est que j'ai su garder mon âme d'enfant, que voulez-vous... Même si je suis sûr que certains imputeront cela à un certain retard cognitif dans le chef de votre serviteur), j'ai toujours trouvé que Rowling avait ficelé un magnifique petit classique de la littérature jeunesse et que nos amis hollywoodiens n'avaient pas à forcer leur talent pour parvenir à rendre une copie qui leur vaudrait au minimum le satisfecit. Et c'est d'ailleurs ce à quoi Colombus s'est employé.
Mais mettez aux manettes un réalisateur ayant plus d'ambition,d'audace, voire de savoir faire et le résultat n'en sera que plus convaincant.
Bien sûr, Cuaron part avec un avantage certain, tant j'ai toujours trouvé que la chambre des secrets ne soutenait pas la comparaison avec sa suite qui est peut-être un des meilleurs épisodes de la saga. Mais lorsqu'on doit comparer les films, et le travail respectif de Colombus et Cuaron, la différence est comparable à celle entre un épouvantard et un détraqueur.
Dés l'entrée en matière, là ou Colombus ne faisait qu'un travail d'illustrateur des romans de Rowling, Cuaron parvient à s'inscrire dans une féerie du quotidien avec la scène ou Harry s’entraîne à créer de la lumière la nuit sous les draps, et utilise constamment une mise en scène inventive pour renforcer l'ambiance tantôt merveilleuse et féerique, tantôt sombre et désespérée que requiert l'histoire.
Quand l'un s'attache à la reproduction fidèle, l'autre cherche à amplifier, à magnifier la scène et son impact émotionnel sur les protagonistes comme sur les spectateurs.
Cuaron obtient une aide précieuse dans son entreprise grâce à un casting comptant plus d'étoiles qu'un chapeau de sorcier. Aux brillants Alan Rickman, Maggie Smith et Robbie Coltrane viennent s'ajouter les excellents Gary Oldman et David Thewlis dans les rôles de Black et Lupin.
Michael Gambion reprend le rôle d'Albus Dumbeldore suite au décès de Richard Harris. L'équipe du film a d'ailleurs l'intelligence de ne pas chercher à ce que le Dumbledore de Cambion soit une copie conforme de celui de Harris, et lui donne même un design bien différent, permettant sans doute de faciliter le travail de Cambion pour lui permettre de faire naître sa vision du directeur de Poudlard.
Cuaron peut également compter sur ses jeunes acteurs star, qui ayant gagnés en maturité durant trois ans, le métier rentrant petit à petit, parviennent à jouer leurs personnages avec beaucoup de naturel.
Le réalisateur prend le temps également de développer les relations entre les protagonistes, et ce malgré une triste obligation de la part des films de survoler le récit en y retirant toute la magie du quotidien(un comble) qui rend l'ensemble bien plus vivant, et les personnages secondaires plus attachants, dans les livres. Les films ressemblant parfois à un assemblage de scènes clef; une liste de tâches cochées dans un cahier des charges.
Gageons que ce troisième film cherche à ajouter un peu de la vie contenue dans les ouvrages de Rowling, avec parfois des décisions assez simples et symboliques, comme de se débarrasser des robes et de redonner à ces adolescents des vêtements de tous les jours.
Ce sont ce genre de petites décisions soigneusement réfléchies qui, comme ça, l'air de rien, cherchent de manière détournée et en employant un langage purement cinématographique uniquement basé sur l'image à transmettre au film une parte de l'esprit du livre à l'écran.
Au niveau de l'intrigue, les retournements de situations bien amenés, (Rowling jouant avec les gimmick des deux premiers pour mieux les désamorcer et surprendre son lecteur), les enjeux émotionnels maîtrisés, et une histoire de voyage temporel en guise de cerise sur le gâteau (avec un jeu sur les paradoxes amusant) ajoutent du piment et de la matière à un épisode très réussi, sans doute même le plus réussi de la série. Le tout est souligné par la partition musicale d'un John Williams manifestement inspiré par l'univers créé par Rowling.
En conclusion, Le prisonnier d'Azkaban est le meilleur épisode de la série de film, et ce n'est pas arrivé comme par magie, mais grâce aux talents combinés d'une fine équipe menée de main de maître par ce sorcier de Cuaron.
Si vous voulez participer au tournoi des trois sorciers suivez donc ce portoloin