Ce petit film est retenu 'par l'Histoire' car il a participé aux fondations du langage cinématographique. Il contient ce qui est considéré comme le premier flash-back, forme la plus élémentaire d'interruption de la continuité du récit (l'ellipse, pratiquée ici et encore mineure en 1901, permet d'accélérer et réclame de la synthèse, mais ne brouille pas le sens du récit). C'est un des effets préférés du public depuis les débuts du cinéma, abondamment récupéré par la télévision. Le flash-back d'Histoire d'un crime est en fait la collection de trois réminiscences projetées sur un écran superposé (trois souvenirs heureux de son passé pendant le sommeil du détenu).
C'est un usage très rigide des possibilités du split-screen, qui permettait à Méliès de s'arracher la tête à plusieurs reprises dans un Homme de têtes dès 1898 – et permettra à Zecca de parader sur un engin volant dans A la conquête de l'air (1901). Ici le split-screen est un simple rectangle ajouté relayant le premier plan où l'action est mise en suspens. Hors de cette démonstration, le film se caractérise par son simplisme et une volonté d'exhaustivité. En cinq minutes, il montre le brigandage et le meurtre, les réactions à la découverte du corps, l'exécution finale, en plus de la séquence centrale débouchant sur les remords du criminel. Les interprètes donnent dans l'hystérie (compensation normale du muet) avec zèle.
Le réalisateur Ferdinand Zecca est un nom important des débuts du cinéma français, associé à des milliers de films. C'est un des rares à accéder à une notoriété et un succès commercial international à l'époque (la France cédera du terrain dès les années 1910 face aux cinémas suédois et américains). Il entre chez Pathé en 1900 et en devient rapidement la figure de proue, s'illustrant surtout comme réalisateur – seul ou avec Nonguet (Don Quichotte/1903), Chomon (Le Spectre rouge/1907) et Velle (Rêve à la lune/1906) notamment. Avec Nonguet il tourne le premier 'quasi' long-métrage de fiction, La Vie et la passion de Jésus Christ (sorti en 1903), auquel il donnera un remake sur lequel Chomon est également crédité (Vie et passion de notre seigneur Jésus-Christ – 1907).
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