Adaptation de L'Abomination de Dunwich de Lovecraft, Horreur à volonté est à la fois fidèle et à la fois dans l'air du temps, n'hésitant pas à modifier quelques éléments pour créer sa propre histoire sans manquer de respect au produit original.


Les différences sont les suivantes :



  • Wilbur Whateley tient plus du beau et jeune sataniste déguisé en
    gentleman, que du rejeton laid à figure caprine issu d'un mariage
    contre-nature. Mais tous deux ont le même mépris pour leurs parents
    et pour les autres, jugés stupides et loin de la "vérité". Il
    ressemble alors plus à Aleister Crowley, sataniste et gentleman
    anglais
    contemporain de Lovecraft (d'ailleurs, Whateley utilise
    les mêmes gestes rituels que ce dernier
    et Crowley est probablement le modèle pour Nyarlathotep).

  • Le vieux Whateley n'a pas un "langage de plouc" et c'est lui qui est
    méprisé par Wilbur (et non sa mère Lavinia).

  • D'ailleurs, sa mère Lavinia n'est pas albinos de naissance comme dans
    la nouvelle, elle devient albinos en enfantant Wilbur et son
    jumeau.

  • Le jumeau de Wilbur est le mieux respecté physiquement, sauf qu'il n'est pas
    invisible mais représente bien le concept de "L'Indicible" cher à
    Lovecraft :
    il semble tantôt caché aux yeux des mortels, tantôt indescriptible,
    monstrueux, tantôt tangible, tantôt intangible. L'utilisation
    épileptique des couleurs pour faire signaler sa présence permet à la
    fois d'exprimer et d'atténuer la peur qu'ont les gens en supportant
    sa vision.


Enfin, Wilbur ne meurt pas en tentant de s'emparer du Necronomicon, le livre des morts censé rappeler les Grands Anciens, dieux monstrueux plus vieux que l'Humanité, mais en effectuant un rituel censé rappeler son père Yog-Sothoth (dieu chtonien de l'espace-temps) dans notre réalité. Le rituel se passe d'ailleurs aussi sur une colline comme dans la nouvelle, la différence est que le film y a placé un autel païen.


Sinon, le film respecte la nouvelle assez bien autant sur la forme que le fond, et les codes visuels des années 1970 s'adaptent assez bien au récit.


Exemples : la libération sexuelle pour représenter les rituels anciens de fertilité, l'interprétation sataniste pour exprimer ce qu'est Whateley (mais pas comme Necronomicon, le livre de Satan, qui adapte aussi L'Horreur de Dunwich mais qui n'a RIEN compris aux oeuvres de Lovecraft), les couleurs épileptiques pour exprimer l'Indicible, la "civilisation" contre la bucolique, et le christianisme contre le paganisme, etc.


Ce qui est dommage cependant, c'est que le film n'a jamais été traduit en français, ou que sa traduction est introuvable dans le commerce. J'ai donc vu le film en anglais, et ça vaut le coup, les dialogues étant d'un anglais suffisamment compréhensible. Je suggère cependant de voir la nouvelle avant de voir le film, sinon vous n'allez pas comprendre grand chose.

Darevenin
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le 10 sept. 2018

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