Ein Krieg, ein Kind und sein imaginärer Freund Adolf

Voilà un film qui cache bien son jeu.
Derrière l'apparente légèreté des bandes-annonces et le ton enjoué des premières minutes du film, "Jojo Rabbit" nous raconte quelque chose de bien plus profond.


À travers l'histoire de Jojo, 10 ans, recrue de la jeunesse hitlérienne, fils d'un père absent et d'une mère aimante, cette nouvelle réalisation de Taika Waititi ("Vampires en toute intimité", "Thor : Ragnarok") nous conte le récit d'un enfant qu'on force à devenir l'homme qu'il n'est pas encore, à devenir un bon petit soldat suivant les ordres.
L'intelligence de ce film se situe là justement : celle de nous montrer la guerre, sa laideur et son absurdité à travers les yeux d'un enfant, qu'on a obligé à penser d'une seule et unique manière, et rejetant en bloc tout ce qui pourrait y faire obstacle. Mais cette manière de voir le monde va être remise en question quand Jojo va se retrouver face à son pire ennemi. Un ennemi qui prend la forme d'une jeune fille de 14 ans, Elsa.


Derrière cette fable tragi-comique à l'esthétique inspirée de Wes Anderson, se cache avant tout un plaidoyer contre l'endoctrinement de la jeunesse en temps de guerre (un sujet qui résonne toujours aujourd'hui), avec d'un côté l'ami imaginaire de Jojo, Adolf, métaphore du lavage de cerveau opéré au fil du temps par le Reich. Et de l'autre, Rosie, sa mère, qui fait tout pour ne pas perdre son fils, lui disant de vivre comme un enfant, car c'est un enfant et non un porte-étendard pour le parti nazi, qu'on envoie au front quand on en a besoin. Et au milieu de tout ça, Elsa, jeune juive au contact de laquelle Jojo va réaliser qu'ils ne sont pas si différents l'un de l'autre, et rêvent parfois des mêmes choses simples, comme dessiner ou danser.


Servi par un casting impeccable, enfants comme adultes, et traversé par les univers de Charlie Chaplin et Mel Brooks, ce "Jojo Rabbit" est une satire, touchante et décalée mais jamais naïve, sur le face-à-face entre fanatisme aveugle et acceptation de l'autre. Face à l'inhumanité, l'humanité. Face à l'intolérance, la tolérance. Et face à la terrible réalité, quelques pas de danse enjoués.

Raphoucinevore
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le 29 janv. 2020

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