Ça fait du bien de les revoir ces cons là !

À toute chose malheur est bon. Il aura fallut 12 ans pour qu'Alexandre Astier sorte enfin son film autour du retour du roi Arthur, film qui était déjà prévu depuis très longtemps mais qui n'a pas pu se faire faute de droit, du coup, lorsque celui-ci apparait enfin et après avoir été repoussé durant quasiment deux ans, ce fameux retour du roi Arthur après 10 années d'absence, on l'a senti passer. De plus, ça aura permis quand même à Astier de bosser entre temps sur un film live et deux films d'animation, et mine de rien, bah ça aide quand même à se faire la patte sur ton grand film prévu depuis belle lurette.

Pari Réussi :

J'ai donc été voir Kaamelott, premier volet, trois semaines après tout le monde, avec une copine qui l'avait déjà vu, histoire de profiter de mon pass sanitaire. Et c'était vraiment ce à quoi je m'attendais : un film sympathique dans lequel je serais super content de revoir la bouille de personnages que j'avais quitté il y a 12 ans et qui sert de premier jalon à une trilogie.

Et je tiens à respecter le tour de force visant à faire un long métrage mettant en scène une bonne vingtaine de personnages aux enjeux très différents et à boucler le tout. Le fait qu'il y ai des tas de personnages dont on connait bien le caractère allège un peu le travail mais on a vraiment cette impression de retrouver des vieux copains et de voir sur eux les marques du temps qui passe, certains ayant vieillis et d'autres sont restés tel quel, (avec Anne Girouard qui semble avoir limite avoir rajeunie). Alors, oui, le film a cet aspect "pot pourri" de sketchs tiré de la série : il y a une scène où Venec est fourbe, une scène d'engueulade en Karmelide, un flashback à Rome, une scène où Perceval et Karadoc ne comprennent pas un ordre simple d'Arthur, on voit un jeu aux règles stupidement compliqués, Arthur et Guenièvre s'engueulent, on voit les Burgondes, on voit le roi Lot faire une phrase en latin et Clavier faire... heu... du Clavier.

Pour le coup, Astier a la chance de pouvoir compter sur son énorme casting composé à la fois de ses comédiens récurrents et de comédiens de cinéma connus. Il arrive même qu'une tête connue ne fasse pas plus d'une scène comme par exemple François Morel venu juste rejoindre la cohorte des paysans le temps d'une scène. C'est rigolo respectivement de voir François Rollin dans un film où il occupe une place supérieure à celle de François Morel (quand on sait que Rollin a été viré de France Inter parce que sa chronique matinale.... "ressemblait trop à celle de François Morel.")

Après, il y a eu des choix, on sent qu'on ne pouvait pas caser non plus tout le monde (on ne voit jamais Yvain par exemple) et certains ont des rôles plus importants que d'autres dans l'intrigue :

Après, les nouveaux personnages ont un peu de mal à exister. Entre les saxons qui sont un peu troubles et la nouvelle génération des chevaliers qui est limité à quelques scènes et quelques problématiques, on a du mal à les trouver attachant, mais difficile de donner un background aussi consistant que celui de personnages qu'on connait depuis 5 saisons. (Et l'épilogue corrige un peu tout ça.)

Bon et puis, le film est beau : on sent qu'Astier sait réaliser, il y a de beaux décors et les scènes situées dans le moyen-orient claquent plutôt bien. Et qu'il est musicien, ce qui aide à faire des super B.O.

Les lacunes de l'écriture à la Astier :

Hélas, tout n'est pas parfait et j'espère juste que les fans ne viendront pas incendier ma maison, mais il y a des moments où j'ai trouvé ça un poil ...mal écrit.

Un des plus grands problème que j'ai avec ce film, et avec les saisons 4 et 5 par ailleurs, c'est que j'ai parfois du mal à suivre le film en plus d'avoir un problème d'empathie avec Arthur. Ça vient en partie de la dynamique qu'Arthur a avec le reste des personnages celle du "seul personnage sain au milieu des idiots." C'est une méthode d'écriture que l'on retrouve dans de nombreuses oeuvres (dont pas mal de très bons livres de Terry Pratchett) qui permet de mettre en scène les scènes comiques (celle où Arthur demande à Perceval et Karadoc de faire le guet) mais qui a aussi ses faiblesses : le personnage principal doit être un livre ouvert. Parce que s'il devient mystérieux ou se manigancer des choses, le spectateur n'a plus aucun repère.

Je ne savait pas ce que voulait faire au juste Arthur. Si j'ai compris pourquoi s'il refuse le trône de Kaamelott, je n'ai pas compris pourquoi à un moment il a l'air de vouloir y revenir. Il n'y a pas de verbalisation directe donc on suppose que c'est lié à telle ou telle chose (le fait de revoir la table ronde, l'envie que la tyrannie de Lancelot s'effondre, le fait de vouloir que ses anciens compagnons ou Guenièvre soient en sécurité ) mais aucun indice n'est donné. Bref, on suppose des choses, mais ça manque d'une confirmation explicite et ça me fait douter de savoir si j'ai bien compris le film ou pas.

Après, ça apporte des bons moments :

Dans le même genre, je ne comprend vraiment plus Lancelot et c'est triste de voir qu'un des personnages les plus apprécié des saisons précédentes (surtout les saisons comiques) est réduit à un type hautain et hargneux. Le gars ne sait visiblement pas gouverner, il a mis le pays en ruine, il semble détester le pouvoir et tout les gens qui l'entourent. Il est engoncé dans son armure moche (j'en reparlerait. Pourtant, il est furieux qu'Arthur revienne et le méprise limite de façon gratuite et je ne comprends absolument pas ses motivations à la fin du film :

En plus de ne pas expliquer des trucs, le film possède aussi une ellipse assez honteuse :

Et c'est d'autant plus bizarre, d'avoir des choses non verbalisées et cette ellipse car à côté il y a des passages en trop. Notamment toutes les scènes de flashback dont l'utilité est discutable.

Bon, et niveau "je ne comprends pas ce qu'il a voulu faire" : le vêtement de Lancelot. Je comprends qu'il y ai un délire un peu Philippe Druillet a mettre des looks moderne et un peu punk à des éléments de : j'ai rien à redire sur Sting et son accolyte. Mais l'espèce d'armure en plastique dont est revetu Lancelot, c'est non : on voit limite la moulure, ça gondole sans arrêt et ma pote à la séance m'a dit que c'est une peau de dragon... tout me hurlait "c'est du plastique."

Alors, oui, j'ai fait plus de paragraphes sur ce que j'ai pas aimé que sur ce que j'ai aimé, MAIS dans l'ensemble je suis sorti super content de ce film : ça m'avait amusé, j'avais adoré revoir les personnages, j'aime leur évolution et surtout je pars super confiant pour la suite !

Et bravo à Pamela de la chaine Cinémaniaque qui a réussi l'exploit de prévoir le scénario du film à partir de son OST et des quelques bandes annonces. Si elle s'est planté quelques détails, nombreux sont les passages du film où j'ai fait "ha, elle avait raison pour ça" "et pour ça aussi." Chapeau.