Dans un pays de l’Est, le gouvernement communiste arrête un cardinal (Alec Guinness) dans le but de lui faire faire publiquement de faux aveux, et ainsi discréditer l’Eglise auprès du peuple en affaiblissant son opposition au pouvoir. Ancien ami du cardinal, son interrogateur (Jack Hawkins) a œuvré avec lui au sein de la Résistance. Le prélat découvre alors un tout autre type de torture que celui auquel il s'attendait : une torture entièrement psychologique...
A force de voir Alec Guinness jouer (brillamment) la comédie pour les studios Ealing, on en oublierait presque qu’il est pourtant un immense acteur dramatique. Avec L’Emprisonné, on en a une nouvelle preuve inoubliable.
L’acteur nous livre en effet sans nul doute une de ses plus grandes prestations, avec ce rôle d’homme plein de bonne volonté qui tente de lutter jusqu’au bout contre sa faiblesse et contre la tentation d'en finir. Par son sens affûté de la mise en scène, Peter Glenville parvient à transcender parfaitement la théâtralité de son récit pour nous offrir un duel psychologique au sommet entre les immenses Alec Guinness et Jack Hawkins, impériaux.
Mais si Glenville habille magnifiquement la pièce de théâtre originale de Bridget Boland, il ne trahit en rien le script de cette dernière, qui adapte ici sa propre œuvre, mettant en avant des dialogues d’une intelligence, d’une justesse et d’une subtilité époustouflantes. Ce sont avant tout ces dialogues, alliés à une écriture très fine des personnages, qui tiennent en haleine 1h30 durant, faisant presque regretter (pour une fois !) que le film soit si court. Il n’y a pas de durée pour les chefs-d’œuvre…