En voir des vertes et des pas mûres

Après le décevant bien qu'original film d'Ang Lee, cette séquelle officieuse se démarque considérablement de son prédécesseur par un changement total, voire radical d'optique. Sorte de reboot bienvenu, L'Incroyable Hulk renouvelle avec grâce un super-héros torturé qui fut pendant trop longtemps tombé dans de mauvaises mains. Cette fois-ci, nouveaux visages (toujours aussi génial Edward Norton, excellents Tim Roth et William Hurt), nouvelle trame bien plus proche de l'esprit du comics et de la série TV des années 70, des scènes d'action désormais démesurées...

Leterrier s'impose, la réussite est bel et bien au rendez-vous. Faisant fi des origines du héros, à peine dévoilées dans le générique du début, le long-métrage prend le temps d'instaurer son ambiance d'éternelle chasse à l'homme sans fin comme le prouve notamment cette fameuse course-poursuite dans un Rio filmée caméra à l'épaule (empruntée à La Vengeance dans la peau soit dit au passage). La psychologie des personnages est également retravaillée, que se soit la phobie colérique de Bruce Banner, son amour refoulé pour son ancienne fiancée Betty et les délires militaires du père de celle-ci, le général Ross, s'alliant à un mercenaire forcené qui ne va pas tarder à goûter lui-aussi aux joies de la mutation.

Notre Louis Letterier national arrive donc sans peine à proposer un nouveau Hulk convaincant, condensant un scénario malin et fidèle au comics parsemé comme il se doit de scènes d'action maîtrisées, apportant un nouveau souffle à l'adaptation du comics. Que se soit l'énième confrontation entre le géant vert et l'armée américaine ou ce combat final dantesque contre Abomination (un villain dans la pure tradition), Leterrier nous époustoufle grâce sa réalisation envolée et dynamique. En bref, malgré quelques facilités et un look de Hulk plutôt décevant, le long-métrage demeure un excellent blockbuster et une nouvelle preuve que Marvel se rattrape après une flopée de navets affligeants.