Point godwin !
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Cinq étudiants progressistes se lancent dans une chasse au facho (et ses variétés). Ils invitent les représentants d'un panel des « droites » et les empoisonnent au terme d'un dîner où ils leur laissent la vague chance d'éviter la mort en virant de bord. En vérité il s'agit plutôt de vérifier l'ampleur de la menace ou de la bêtise leur faisant face, le déroulement du procès étant déjà fixé par ce tribunal de gauche (The Last Supper est le titre du tableau de Léonard de Vinci représentant Jésus et ses apôtres) composé d'esprits de lumière à la fois juges et bourreaux, quelquefois jurés laconiques.
L'ultime souper dénonce les dérives staliniennes de la gauche des « liberals » (du moins son gêne totalitaire) tout en ridiculisant les positions et les membres 'du' camp adverse. La thèse est simpliste, les propos grossiers, les intervenants tous caricaturaux ; le revirement final ne vaut pas mieux, avec sa pseudo sagesse centriste (« les modérés dominent le monde », duquel parlons-nous?). L'idéologie présidant ce film a l'avantage d'être pacifiste et mesurée, mais on en arrive à un angle de vue étriqué, un peu bonhomme, type première leçon de catéchèse du brave libéral. C'est le moralisme creux du petit-juge blanc, n'abordant aucun sujet de front, se rangeant finalement 'libéral' ou non-aligné, en utilisant l'hystérie des autres pour glorifier sa neutralité.
Il n'a pas forcément tort, mais il ne dépasse pas le stade des principes et passera son temps à les vider de toute substance. Tout ce manège peut être pertinent, part d'un postulat valide, mais le développement manque. Pechant dans les détails, il se répète, devient de plus en plus solennel tout en se voulant jubilatoire. Il l'est bien souvent mais il est difficile de prendre au sérieux une démonstration si courte et inégale, oscillant entre niaiserie et éclats reluisants. La malice et le jusqu'au-boutisme de Last Supper compensent ses béances intellectuelles (ainsi qu'une issue ambiguë renvoyant à l'idée d'une tyrannie de la majorité, la démocratie étant l'instrument des démagogues et des excités).
Et si sa perspective est cloisonnée, au moins il est cohérent dans sa posture. La théorie de l'échiquier politique comme « fer à cheval » trouve ici une illustration presque doctrinaire : c'est le ''frère'' ''fasciste'' qui pousse les socialistes à accomplir leur dessein sans plus tortiller. En effet l'élément déclencheur est le meurtre accidentel du péquenaud hitlérien et négationniste (lequel pourrait aussi bien rejoindre une extrême-droite littérale, ou le fascisme classique plutôt que le nazisme dont il est question ; mais les questions économico-sociales sont absentes et la perspective reste vulgaire : les bien-pensants délirants à l'extrême-gauche, les démons bigots et racistes à l'extrême-droite).
Le scénario prend des détours, use de facilités et rompt la crédibilité si nécessaire : Last Supper est d'abord une fable, un jeu théorique. Pris comme une comédie pleine d'esprit, il est à son meilleur. Thriller dissipé, il est assez proche de la vague de néo-slashers qui allait poindre à son époque (on est au milieu des années 1990, un an avant Scream). Film indépendant et premier long de Stacy Title, il n'a pas connu le succès aux Etats-Unis malgré un casting doré (comprenant Cameron Diaz à ses débuts, un an après The Mask), au point de faire plus d'entrées en France. Il a gagné en estime avec le temps.
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Créée
le 27 juil. 2015
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