Super Mario Vs. la Mafia
(1972. FR. : Passeport pour deux tueurs. ITA. : La mala ordina (la famille, la mafia ordonne) Vu en VOST, Blu-RAY Elephant Film) Luca Canali (Mario Adorf le plus italien des acteurs...
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le 7 avr. 2021
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(1972. FR. : Passeport pour deux tueurs. ITA. : La mala ordina (la famille, la mafia ordonne)
Vu en VOST, Blu-RAY Elephant Film)
Luca Canali (Mario Adorf le plus italien des acteurs germaniques !), maquereau milanais de petite envergure, se retrouve désigné comme bouc-émissaire après une livraison de drogue « égarée » … L’Organisation new-yorkaise (représentée par Cyril Cusack vu dans Sacco & Vanzetti et Société anonyme anti crime) décide d’envoyer deux « hitmen » d’envergure en la personne de Frank Webster et David Catane (Woody Strode et Henry Silva), histoire de montrer aux italiens, notamment à Don Vito (!) Tressoldi (Adolfo Celi) suspecté d’être le véritable auteur du coup, qui est le maître…
Moins bien ficelé que Milan calibre 9, moins véhément qu’Il boss, La mala ordina possède bien des atouts toutefois. A commencer par un Mario Adorf tout simplement époustouflant, quasi-cartoonesque : il faut le voir courir à bout de souffle avec ses mocassins, son costume de « Pimp » et sa moustache ! Il est LA plus-value de ce film, passant par toutes les émotions et les retranscrivant parfaitement comme ces magnifiques plans à la fin du film, ainsi qu’à la fin de la séquence de la poursuite où il nous fait penser à un boxeur au bord du K.O. Soucieux de ne pas s’enfermer dans ce genre de rôles, Adorf ne tournera que rarement des films de genre ensuite…à mon plus grand regret !
Tourné avec des bouts de ficelle et en quelques semaines, ce film montre une nouvelle fois l’art de Di Leo pour sublimer un sujet qui serait devenu au mieux un bon nanar dans d’autres mains… La fameuse séquence de course-poursuite, que je ne peux m’empêcher de vous proposer ici, prouve tout son savoir-faire. Comme le racontait Amedeo Giamini, le monteur de La mala ordina, une multitude de plans furent tournés pour cette séquence rendant le travail de montage limpide et permettant la réalisation d’un grand moment de cinéma Bis !
Encore une fois, Fernando Di Leo semble prendre un malin plaisir à écorner l’image de la Mafia, ici représentée par un Adolfo Celi théâtral et finalement assez pathétique, comme le prouvera sa chute. Ses hommes de main ont de parfaites tronches de gangsters (Pasquale Fascino surnommé « le chien » par Silva, le balafré bras-droit de Tressoldi Peter Berling, Pietro Ceccarelli…) mais leur allure en impose plus que leurs actes ! En effet, le pauvre Luca Canali, acculé, surveillé de toutes parts (la démonstration de la mise en branle des indicateurs milanais est assez impressionnante) deviendra à lui seul le pourfendeur de la bande à Tressoldi.
Comme dans les autres films de la Trilogie, le réalisateur ne fait pas de cadeaux aux femmes ! La pauvre Femi Benussi (une gagneuse de Canali) se verra torturée (pinçage de tétons (!) entre autres) sous l’œil pervers de Peter Berling ; l’ex-femme de Canali (Sylvia Koscina) et sa fille finiront sous les roues d’une ambulance. Même un pauvre chaton égaré dans une casse, lieu bordélique d’un final qui l’est tout autant, finira ad patres…
Autre particularité propre aux polars de Di Leo, il est difficile de trouver des personnages un tant soit peu positifs dans cet amas de salauds, prostituées, indics de la Mafia… Les « amis » peuvent à tout moment trahir, tout comme un simple garagiste pourtant bien sympathique (Franco Fabrizi). Finalement seul Canali revêt une part d’humanité…mais il s’agit tout de même d’un maquereau !
Parmi les qualités de ce film, comment ne pas mentionner l’excellent duo Strode-Silva, qui a inspiré à Quentin Tarantino ce fameux couple de tueurs dans Pulp Fiction, avec cette fois-ci Samuel L.Jackson et John Travolta. Nos deux américains de La mala ordina sont eux aussi très cool…peut-être un peu trop même. Aussi insolents (voir comment ils se foutent de la gueule des mafieux italiens) qu’indolents (ils passent plus de temps en boîte de nuit ou dans les quartiers à putes, qu’à rechercher notre Super Mario), ils sont aussi très différents l’un de l’autre. Woody Strode, qui en impose par son simple regard, est clairement le type sérieux du tandem, alors qu’Henry Silva semble plus attiré par les charmes des milanaises, et se montrera inconséquent à plusieurs reprises, notamment lors d’une visite à des prostituées où il finira détroussé et obligé de se battre avec une bande de proxénètes. On retiendra aussi dans le final une prouesse de Strode, il balance une voiture à pleines mains, faisant songer à son rôle de gladiateur dans Spartacus.
Tout n’est certes pas parfait ici (on pense à des scènes dispensables en boîte de nuit, le personnage de Trini, le début à l’hôtel avec l’exquise Lucianna Paluzzi…), le scénario tient sur un post-it mais la magie opère, après un début un peu laborieux, à partir de la mission vengeance de Mario Adorf. Enfin, la composition musicale du grand Armando Trovajoli (Nous nous sommes tant aimés) finit de rendre définitivement culte ce film. Les accents so jazzy irrésistibles de la B.O. vous resteront en tête bien longtemps comme le visage de Mario agonisant dans son engin de chantier ! En somme, un indispensable pour les amoureux du Bis italien !
Le thème principal de Trovajoli : https://www.youtube.com/watch?v=vWuxW3zsEuY
La critique du coffret Elephant Films : http://www.regard-critique.fr/rdvd/critique.php?ID=6142
La critique de Milan calibre 9 (1er volet) : https://www.senscritique.com/film/Milan_calibre_9/critique/227456639
La critique d’Il boss (3ème volet) : https://www.senscritique.com/film/Le_Boss/critique/227456722
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le 7 avr. 2021
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