On a tendance à sur-estimer la créativité des studios Disney.
Alors que je twittais devant ce film, mon camarade CrazybombWorld m'a demandé si j'avais vu la version de 2017. J'avais une idée assez bien arrêté de celle-ci. On me l'avait vendu comme une revisitation "scène par scène" du dessin animé de 1992 et j'avais pas vraiment envie de "m'infliger ça." Et que quitte à revoir l'histoire de la Belle et la Bête autant tenter de voir ce que Christophe Gans en a fait en 2014 (mais à ce que j'en ai lu c'est pas terrible non plus.)
Après tout, cela fait des décennies que l'on s'acharne à dire que les remakes ne sont pas une simple retransposition à l'écran d'une histoire, mais une transformation, la vision d'un auteur d'une histoire qui prend une matière commune pour en faire "autre chose." En vendant un film "en tout point" semblable à celle de 1992, je me disais "autant revoir le film de 1992, il était très bien.
Et j'expliquais que pour moi, la version Disney de 1992 offrait une vision différente de celle de Jean Cocteau de 1945. Et c'est là que j'ai eu un vieux doute. Peut-être que c'était juste le même film.
Est-ce que j'ai lu le conte original ? Non. Il s'agit d'un cours conte issue d'un ouvrage du XVIIIe siècle de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont sur l'éducation des enfants. Le conte original s'inspire d'un cas très rare d'hypertrichose (poil sur le visage) étant arrivé au XVIe siècle et est très cours. Avant la version de Cocteau, il y avait juste un cours métrage s'inspirant de ce conte.
La version Disney de 1992 n'est pas une adaptation du conte... c'est un remake du film de Cocteau. Car tout un tas d'invention de Disney viennent de ce film : le miroir magique, le prénom de Belle, le contexte social de celle-ci, les serviteurs qui sont des objets vivants, l'aspect de la Bête à mi-chemin entre le lion et l'humain (nettement moins fascinante une fois qu'il est transformé en humain dans les deux versions)
Il y a même le personnage de Gaston. Ok, dans cette version le personnage s'appelle Avenant (car un physique avenant c'est un beau physique... vu que l'héroïne s'appelle Belle... vous saisissez le jeu de mot) mais comparez une photo de Jean Marais dans ce film avec une image de Gaston : mis à part la couleur des cheveux, c'est le mê-me putain de personnage. Avec la même dualité : l'homme beau mais laid à l'interieur, comparé à l'homme laid à l'extérieur mais beau à l'intérieur. On pourrait aussi pointer que la version Disney de 2017 a fait polémique suite des gros clins d'oeils à l'homosexualité d'un des personnages... quand celle de 1946 avait été crée par l'un des couples homosexuel les plus célèbre du cinéma d'auteur français. (Marais / Cocteau.) Même là, le film peut dire "first".
La différence tiens surtout de l'esthétique : Cocteau tentait de faire des expérimentations artistiques, avec des effets de prises de vues, des passages à l'envers, des mains sortant du mur, des personnages s'envolant dans le ciel etc.... Celle de Disney tente d'être un spectacle tout publicdes personnages mignons, et tente une expérimentation avec la 3D naissante.
Pour autant, je trouve m'être ennuyé à revoir ce film : Je ne suis pas fan du tout du jeu des acteurs (en particulier Josette Day) c'est plutôt mou par moment et je trouve ça... mal écrit. Les dialogues sont parfois assez plat, le personnage de Belle change constamment de psychologie lorsque le scénario le demande et la fin est plus confuse qu'autre chose :
Avenant meurt en même temps que La Bête retrouve un visage humain... qui est celui d'Avenant tandis que le corps d'Avenant devient celui de la Bête. Du coup, on a l'impression que les deux événements sont liés et qu'il y a eu un "body swap." Et les explications sont expédiées.
Bref, pour m'en faire un vrai avis, il faudrait que je mate d'autres adaptations de "La Belle et la Bête" mais à vrai dire, ça n'est pas vraiment une histoire qui me touche particulièrement. Donc, MEH, on passe à autre chose.