The Eight Hundred dépeint le sort d'une troupe de soldat chinois pendant la guerre sino-japonaise. Réfugié dans un entrepôt à Shangai, dernier rempart entre l'armée japonaise et la zone libre, ils vont résister aux japonais pendant 4 jours avec un peu plus de 400 hommes.
Le film est un mastodonte chinois que ce soit par le budget, 80 millions, qui en fait l'un des films chinois les plus couteux jamais produit ; l'environnement qui a pris plus d’un an à être construit ; les acteurs, entraînés pareillement pendant plus d’un an ; la technologie, ou des caméra IMAX ont été utilisé pour la première fois dans une production chinoise. Guan Hu a vu grand, ce film étant pour lui un projet très personnel, et la promesse est largement tenue.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser pour un film de siège, de résistance, on n’est pas sur une caméra emprisonné dans cet entrepôt, du point de vu des soldats uniquement, au contraire, elle s’offre une liberté folle en filmant aussi bien l’entrepôt depuis l’intérieur que depuis la zone libre ou les civiles suivent le déroulement de l’attaque. L’opposition zone de guerre/paix est un élément centrale de la mise en scène où dés le début les deux sont comparées à l’enfer et le paradis. Le face à face fonctionne d’autant plus grâce à l’esthétique apporté à cette zone libre, extrêmement lumineuse, très vivante. Face à face qui se transformera en alliance au fur et à mesure du film. Les soldats résistants aux japonais réussissent à rallier des sympathisants qui viendront les aider, alors que le film s’ouvre quasiment sur un pari entre deux personnages sur la durée de résistance des chinois.
Mais c’est très loin d’être la seule idée de mise en scène du film, au contraire, ça fourmille, les idées visuelles s’enchaînent et la première qui m’a beaucoup plu et je ne m’y attendais pas pour un film de siège, c’est que le premier fait d’arme chinois à l’intérieur de l’entrepôt se déroule hors champ, la caméra est posé à l’extérieur, on voit une troupe de japonais entrer et le piège se refermer, la suite n’est qu’audible. La caméra est très à l’aise dans les plans séquences guerriers (sanglant, crasseux, sans concession) à l’intérieur de l’entrepôt ou l’immersion est totale, elle passe régulièrement en caméra épaule, à la première personne, voire carrément à l’intérieur des masques, jumelles des soldats. Cette liberté apporte une richesse visuelle qui participe à l’immersion. Côté japonais, la volonté est à la déshumanisation, le premier plan sur un japonais qui parle sera sur un officier de dos. Le reste leur point de vue se limite à des plans façon sniper ou caméra embarqué dans un avion (Scène de l’avion/drapeau qui a fait chier les coco d’ailleurs). La liberté que s’offre la caméra pour multiplier les points de vues fait que, le développement de personnage est délaissé, on se concentre sur le groupe, pas sur les individus, sur pas mal de points donc on se rapproche d’une structure à la Dunkirk.
Le film n’est cependant pas parfait, on a quelques effets de mise en scènes quand même un peu tape à l’œil, voir poussifs mais ça reste marginal. Certains choix sont à mon sens assez inutiles aussi, comme ce personnage qui film les soldats à l’intérieur de l’entrepôt avec sa petite caméra, ce qui, en général démarre de courtes séquences au format 1:1 en noir et blanc, façon documentaire de guerre. L’idée pouvait être bonne si elles étaient tirées d’images d’archives réelles ou au moins d’oser rallonger ces séquences, ici c’est beaucoup trop court et ça sonne faux, ça laisse juste un sentiment de superflu. Aussi, certaines séquences oniriques avec un cavalier chinois seul face à une armée, dans un décor tout CGI, c’est que deux ou trois scènes mais on aurait pu s’en passer.
Je vais terminer sur l’image, je trouve que c’est l’aspect du film le plus réussi, la photographie est exceptionnelle, avec en cerise sur le gâteau, des effets spéciaux d’excellentes qualités. C’est franchement assez bluffant, surtout les séquences en intérieurs.
Ce film est une excellente surprise, visuellement très riche, immersif, malgré quelques défauts ci et là.