Les truies et la fureur.
La Chair et le Sang reste, trente ans après sa sortie, un film hautement singulier et représentatif, tant de son époque que de son auteur, grand objet criard et furieux. Son époque, d’abord,...
le 18 sept. 2015
84 j'aime
7
Considéré comme le premier film américain de Paul Verhoeven, La Chair et le Sang est pourtant une production américano-européenne certes tournée en langue anglaise mais filmée en Espagne avec une équipe toute aussi hétéroclite. Située dans une époque à mi-chemin entre le Moyen Âge barbare et la Renaissance, l'histoire raconte comment un groupe de mercenaires se vengent d'un seigneur cupide avant de se retrouver traqués par le fils de celui-ci.
Déjà irrévérencieux dans son Hollande natale, Verhoeven démontre pour la première fois au public américain son goût acéré pour la violence, le sexe et le politiquement incorrect... Aucun héros, aucun "gentil", La Chair et le Sang présente des personnages tous plus dégueulasses les uns les autres : cette bande de mercenaires qui viole, pille et torture se retrouve filoutée par leur seigneur qui, lui, change subitement d'avis de par sa toute puissance...
Son innocent fils va devenir un être tout aussi cruel lorsque sa bien-aimée est enlevée par les mercenaires, bien que cette dernière se complait finalement aux joies de la débauche et devient une manipulatrice de talent. Le réalisateur ne prend donc aucun parti, préférant livrer une aventure épique et démesurée où les évènements s'intensifient de plus en plus pour un final de grande ampleur.
Entretemps, il nous montre des corps dénudés, des viols, des meurtres gratuits, des insultes comme ponctuations, de la saleté, de la décadence. Verhoeven ne se ménage pas et ce pour notre plus grand plaisir. Ajoutant ses habituels plans gore, son goût prononcé pour l'injustice et son habileté à dynamiser son long-métrage grâce à des séquences d'action envolées, le réalisateur démontre déjà une puissante maîtrise de la mise en scène, dirigeant des acteurs charismatiques autour de décors naturellement hypnotiques.
Outre son habitué de l'époque Rutger Hauer, Verhoeven transcende la beauté plastique de la jeune Jennifer Jason Leigh, la fougue de l'Australien Tom Burlinson et filme de belles gueules cassées aux dents pourries et aux rires dégradants. Le long-métrage, quasiment sans temps mort, est une œuvre sale, violente, barbare, à la limite du fantastique, preuve déjà que le metteur en scène hollandais était un génie du cinéma irrévérencieux comme on en fait malheureusement plus aujourd'hui.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 1985 et Les meilleurs films de Paul Verhoeven
Créée
le 23 avr. 2019
Critique lue 148 fois
2 j'aime
D'autres avis sur La Chair et le Sang
La Chair et le Sang reste, trente ans après sa sortie, un film hautement singulier et représentatif, tant de son époque que de son auteur, grand objet criard et furieux. Son époque, d’abord,...
le 18 sept. 2015
84 j'aime
7
Europe de l'ouest, époque médiévale : Une troupe de mercenaires se fait trahir par un noble après l'avoir aidé à reconquérir sa ville. Guidés par Saint Martin, ils prévoient donc de se venger.Il est...
le 31 janv. 2015
59 j'aime
8
Premier film tourné en langue anglaise par Paul Verhoeven, "La chair et le sang" est surtout le film le plus fort, le plus important dans la carrière du hollandais violent (même si ce dernier n'y...
Par
le 6 oct. 2012
51 j'aime
4
Du même critique
Toujours perdu dans une tourmente de décisions visuelles et scénaristiques, de décalages et de tonalités adéquates, DC Comics se fourvoie une nouvelle fois dans un total manque de cohésion et par...
le 26 déc. 2020
68 j'aime
6
Attendu comme le Messie, le Dune nouveau aura été languissant avec son public. Les détracteurs de Denis Villeneuve s'en donne à cœur joie pour défoncer le produit à la seule vue de sa bande-annonce,...
le 18 sept. 2021
44 j'aime
5
Il l'a dit, il l'a fait. Plus de dix ans d'absence, dix ans d'attente, dix ans de doute, une année de retard à cause de la pandémie. Kaamelott a marqué la télévision, de par son ampleur, son aura...
le 20 juil. 2021
40 j'aime
10