À ne pas s’y méprendre, La colline a des yeux 2 version 2007 n’est pas le remake de la suite du film de Wes Craven (datant de 1985) mais plutôt celle du remake signé par Alexandre Aja. Un méli-mélo pour le moins étrange et inutile qui, si l’on s’intéresse un peu plus au projet, a tout de même un sens. En effet, ce film écrit par Wes Craven lui-même, peut être vu comme la suite qu’aurait dû faire le réalisateur à l’époque, et qui profite de la guerre en Irak pour parler voire critiquer le militarisme américain dans ce projet. Mais pour lui comme pour nous, il aurait peut-être mieux valu que ce long-métrage ne voie le jour, entachant le superbe travail qu’avait fait Aja sur le remake.
Ici, point de famille en vadrouille ou de jeunes inconscients perdus au milieu de nulle part. Mais plutôt une troupe de soldats, adeptes de la badass attitude façon Aliens, partis en plein désert afin d’effectuer quelques manœuvres avant de se faire pourchasser par nos chers dégénérés irradiés et cannibales. Autant dire que cette suite s’annonce, sur le papier, bien plus musclée, violente, très second degré et fun, surtout avec Wes Craven à l’écriture reprenant ainsi en quelque sorte les commandes de son bébé. Malheureusement, le film ne tient aucune des promesses à respecter, aussi bien de son postulat que celles engendrées par le long-métrage d’Alexandre Aja. Pour cela, il suffira de passer par deux séquences d’introduction inutiles n’apportant rien de concret à l’histoire si ce n’est des minutes de plus au compteur (dont la première, sur un accouchement peu reluisant) ainsi que par un court passage d’entraînement militaire en adéquation avec la critique voulue par Craven sur la guerre en Irak pour que cette Colline a des yeux 2 version 2007 fasse comme la suite d’origine : sombrer dans le grand n’importe quoi et le classicisme vomitif.
Bien que le film de Martin Weisz parvienne a faire oublier la connerie de La colline a des yeux 2 de Craven grâce à des effets spéciaux bien plus crédibles et une certaine efficacité de rythme qui tient la route, il possède pourtant les mêmes tares scénaristiques : des personnages d’une débilité profonde, sûrs d’eux et inconscients, qui vont se révéler être de véritables poules mouillées face au danger. Pour des ados, ça passe encore, mais là nous avons quand même affaire à des militaires armés jusqu’aux dents et qui se perdent dans des blagues et punch lines bas de gamme ! La pilule passe donc encore avec difficulté, surtout quand l’un d’eux, conscient d’être à couvert, décide tout de même de s’écarter du groupe pour pisser. Ou encore du fait de voir nos héros (si nous pouvons les appeler ainsi) se faire avoir comme des amateurs par des tueurs armés de cailloux et de couteaux. Au lieu de s’inquiéter du coup de leur sort, régi par des clichés vus et revus, on préfère les voir se faire massacrer un par un car c’est la seule attraction valable que peut nous livrer ce long-métrage, comme la plupart des divertissements d’horreur de son espèce. Cela maintient le spectateur éveillé jusqu’au générique de fin, et dans un sens, c’est déjà ça de gagné !
Et faire suite au film d’Alexandre Aja n’arrange pas les choses. Le travail du réalisateur français, qui avait réussi à livrer un produit maîtrisé, angoissant et hautement dérangeant, se retrouve anéanti par celui de Weisz. Il suffit de s’arrêter sur le côté gore de l’entreprise, bien plus dégoûtant et en surdose (pour ne pas dire poisseux) que véritablement choquant. Ou encore cet étonnant manque de séquences effrayantes style jump scares qui fait de cette Colline a des yeux 2 un divertissement sans réelle sensation et aux situations lourdement téléphonées. Même niveau photographie, cette suite n’arrive pas à la cheville de celle d’Aja, préférant faire dans la simplicité tout en oubliant l’aspect rock’n’roll de ce dernier et arborer son image d’un filtre assez granuleux sans raison plausible (ne faisant que renforcer l’aspect dégueulasse du film, rien de plus). Sans parler de la critique du film (la guerre en Irak, le militarisme américain) qui ne transparait à aucun moment de la pellicule, expédiée rapidement dès les premières minutes, alors que chez Aja, le message anti-nucléaire se manifestait à la moindre seconde du long-métrage. D’ailleurs, ce dernier a totalement disparu de cette suite, servant juste de prétexte pour justifier l’allure horrifique des cannibales, qui se retrouve ici irradiés à l’excès (pustules à foison, langue à la Vénom…) sans jamais s’éloigner d’un aspect grand-guignolesque.
La colline a des yeux 2 réitère la même erreur que la version de Wes Craven en 1985 : bâcler comme ce n’est pas permis le premier opus en le dénaturant complètement, au point de tomber dans le cliché du film d’horreur tout ce qu’il y a de plus bateau. Fort heureusement, le fait d’être en 2007 permet à cette suite d’être regardable et facile à suivre. Mais face au film original et au remake d’Alexandre Aja (sans compter les autres divertissements du cinéma d’horreur), difficile de s’extasier un seul instant face à cette boucherie crasseuse, vaine et sans âme.