Près de 15ans après avoir filmé l'American Ballet Theatre de New York avec Ballet (1995), le documentariste Frederick Wiseman est de retour, cette fois-ci on le retrouve sur le vieux continent, dans le même registre avec La Danse, le ballet de l'Opéra de Paris (2009), avant d’enchaîner quelques années plus tard, toujours à Paris, avec Crazy Horse (2011), mais ça c’est une autre histoire.
Pour cette seconde incursion dans l’univers de la danse, le bostonien a posé sa caméra pendant 3 mois au sein de l'Opéra de Paris et s’immisce dans les moindres recoins de cette vieille institution (fondée au XVIIème siècle !). Grâce à lui, on suit le quotidien des danseurs, chorégraphes, maîtres de ballet ou encore administrateurs, de salle en salle, enchaînant les répétitions et divers échanges professionnels (avec notamment des déjeuners de bienfaisance).
L’Opéra de Paris se dévoile petit à petit sous nos yeux, partant du sous-sols (avec son fameux "lac" rempli de poissons) en passant par les étages supérieurs où, au fur et à mesure que l’on monte, on découvre les différents corps de métiers, notamment les costumières à pied d’œuvre et où s’opère un vrai travail d’orfèvre avec les couturières (et la création d’accessoires et autres bijoux), avant d’atteindre les coupoles transformées en salles de répétition et de finir sur les toits avec une vue panoramique sur la capitale, où un apiculteur vient récupérer le miel des ruches. A chaque extrémité, des espèces animales qui s’ébattent dans leurs univers, tandis qu’à l’intérieur, ce sont les danseurs et danseuses qui s’ébattent et s’échinent à retenir chaque mouvement pour retranscrire sur scène le meilleur d’eux-mêmes.
Entre deux répétitions, le réalisateur prendra soin de laisser sa caméra dans le bureau de Brigitte Lefèvre, la directrice du ballet de l'Opéra de Paris (cette dernière sera d’ailleurs remplacée par Benjamin Millepied cinq ans plus tard). Une immersion passionnante qui alterne la danse classique et contemporaine avec brio puisque le réalisateur agrémente son film avec sept extraits de ballets. Personnellement, je retiendrais surtout "Genus" de Wayne Mcgregor où les danseurs donnent l’impression d’évoluer à la fois en saccadé et en accéléré, ainsi que "La Maison de Bernarda" de Mats Ek, où la théâtralité vient prendre le dessus sur la danse.
Une plongée fascinante dans les coulisses d’une prestigieuse institution, nul besoin d’être un passionné de danse pour y adhérer, Wiseman parvient si bien à nous captiver que l’on s’étonne déjà d’être arrivée à la fin.
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➽ Film vu dans le cadre d’une intégrale « Frederick Wiseman »