You're tearing me apart!
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Certains jalons sont plus immortels que d’autres : avoir le mérite d’être le premier à aborder un sujet, briser un tabou ou occasionner un nouvel éclairage sur un thème est une chose, cela n’occasionne pas forcément un chef d’œuvre.
La fureur de vivre est en tout point un film iconique : il porte avec lui l’éclatante naissance du mythe James Dean, la fameuse course de voitures et l’attention portée à toute une génération, celle des adolescents en passe de devenir des personnages à part entière. De belles séquences disent avec justesse la façon dont le monde des adultes se fissure, à travers le portrait pathétique d’un père en mal d’autorité, ou la violence sourde d’une visite au planétarium (à laquelle semble faire écho l’une des belles scènes du Virgin Suicides de Sofia Coppola). Le jeu sur l’espace et la nuit, qui trouve sa pleine expression dans la villa déserte servant de refuge aux protagonistes, est intéressant dans sa quête de recréation d’un monde utopique, notamment par la symbolique de la piscine vide, promesse fallacieuse d’un avenir fantasmé.
La subtilité de certaines prises de vue n’en est pas moins atténuée par le jeu général, voire une psychologie assez grossière des personnages. Natalie Wood est assez peu crédible, tant dans son interprétation que par la façon dont elle passe d’un excès à l’autre, de la bande de voyous à l’amour adulte, et le personnage de Plato plus que pesant dans ses quêtes de parents ou de frère ainé.
C’est donc un ensemble relativement déséquilibré et assez irritant que ce film dont on ne peut nier l’importance, mais qu’il s’agit de recontextualiser. Englué dans certains excès et des archétypes qui ont mal vieilli, il a les maladresses de la transition qu’il introduit. Sa musique, très présente, fait d’ailleurs beaucoup penser à West Side Story qui aura l’intelligence d’exploiter, à travers la comédie musicale, le lyrisme de mise pour traiter de l’adolescence. Ici, la sobriété n’est pas encore de mise, époque oblige, et les successeurs qui lui doivent beaucoup dépasseront sans difficulté le pionnier en la matière.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes A voir avec les enfants, Les meilleurs films de 1955, Les 1000 plus grands films de tous les temps ("They shoot pictures, don't they ?") [2020] et CCMD : L'adolescence au cinéma
Créée
le 23 févr. 2016
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